samedi 31 mai 2025

Là où le cœur s’ouvre, le lien se tisse


Ils sont venus d’ici et d’ailleurs, d’Ottawa-Gatineau, de l’Abitibi, du Témiscamingue, des Laurentides, de l’Estrie portant chacun une histoire, un souffle, un silence. Par routes droites ou sinueuses, parfois après des heures de voyage, ils ont répondu à l’appel du cœur : celui de se rassembler, non pas pour fuir le passé, mais pour l’habiter autrement.

Leur déplacement n’était pas seulement géographique. C’était un mouvement intérieur. Un choix de présence, de vulnérabilité, de disponibilité à l’inattendu. Dans le Cercle de Pardon, ils ont accepté de déposer un peu de ce qui pèse, d’écouter ce qui résonne, de s’ouvrir à ce qui guérit.

Ensemble, ils ont formé un cercle vivant fait de silences habités, de regards sincères, de gestes simples et de présences pleines. Un cercle où chacun, venue de loin ou de près, devenait un repère pour l’autre. Un lieu où l’on ose ne plus porter seul.

Et c’est peut-être cela, la beauté profonde du pardon : il commence souvent par un déplacement… vers l’autre, vers soi, vers un espace où l’on peut, enfin, respirer ensemble.

vendredi 30 mai 2025

Chère démocratie, fais-moi rêver


Fais-moi rêver d’une table où chacun aurait sa place, non pas par privilège ou par conquête, mais par droit d’être, tout simplement.

Fais-moi rêver d’un lieu où les voix les plus discrètes seraient entendues avant les plus fortes.
Où le pouvoir ne serait pas un sommet à défendre, mais une responsabilité à partager.

Chère démocratie, fais-moi rêver d’assemblées vivantes, où l’on débat sans se déchirer,
où l’on écoute pour comprendre, pas pour répliquer.
Fais-moi rêver de dirigeants qui se souviennent qu’ils sont d’abord au service du vivant,
du fragile, du futur et non de l’instant ou de leur image.

Fais-moi rêver d’une démocratie à hauteur d’enfant,
capable d’imaginer, de jouer, de réinventer le monde sans peur du ridicule.
D’une démocratie enracinée dans le cœur des territoires,
et non seulement dans les mots des technocrates.

Fais-moi rêver d’une démocratie lente parfois, mais juste.
D’une démocratie qui s’agenouille pour soigner,
qui se penche pour écouter,
et qui se lève pour défendre la dignité.

Chère démocratie, fais-moi rêver…
Parce que j’ai besoin, aujourd’hui, plus que jamais,
de croire qu’un autre « nous » est possible.
Un nous qui ne s’impose pas, mais qui s’invente ensemble.

Chuchotement de l’âme au lever du jour


 

mercredi 28 mai 2025

Là où l’on prend soin du lien, le conflit devient passage

 


Mieux vivre ensemble et apaiser les conflits en paroisse

Hier soir à Gatineau, nous étions plus de 50 participant.es réunis pour un atelier vibrant et profondément humain. Avec mon complice Michel, j’ai eu le privilège de coanimer cette rencontre autour de la paix, de l’écoute et du lien.

Un immense merci à l’Archidiocèse de Gatineau et à l’Institut Providence de leadership transformatif de l’Université Saint-Paul pour ce partenariat porteur.

Ensemble, nous avons exploré des pistes concrètes pour cultiver des relations plus justes et plus harmonieuses dans nos milieux paroissiaux.

Merci à chacune et chacun pour votre présence, vos partages et votre engagement.

mardi 27 mai 2025

Désencombrer pour mieux habiter

Ce matin, je choisis de m’asseoir avec ce qui est là.

Non pour accumuler une pensée de plus, un projet de plus, une intention de plus, mais pour faire de la place.

Je sens que trop souvent, je transporte avec moi des sacs invisibles :
des pensées en surplus, des obligations que je n’ai jamais choisies,
des fidélités anciennes qui n’ont plus d’élan.

Aujourd’hui, je ne cherche pas à tout régler.
Je cherche à désencombrer l’intérieur,
comme on entrouvre une fenêtre pour laisser entrer l’air du matin.

Car pour habiter pleinement, il faut d’abord retirer ce qui obstrue,
laisser partir ce qui n’a plus sa place dans la maison de l’être.

Je ne suis pas ce que je possède.
Je ne suis pas mes courriels en retard.
Je ne suis pas non plus ce que je n’ai pas accompli.

Je suis un lieu habitable.
Et j’ai le droit, chaque jour, de remettre un peu d’ordre doux,
non pour contrôler, mais pour retrouver le centre.

lundi 26 mai 2025

Au rythme du tambour, la mémoire devient avenir



Hier, au cœur du Pow-wow du 50e anniversaire d’Odawa, j’ai ressenti bien plus qu’une célébration : j’ai été témoin d’une mémoire vivante, transmise dans les cercles de danse, les mains tendues, les regards dignes. Ce n’était pas seulement une fête, mais un ancrage, un rappel que la joie peut être une forme de résistance, que la fierté identitaire peut guérir, et que la communauté se tisse dans la répétition des gestes sacrés, des chants anciens et de la présence respectueuse.

Dans chaque pas des danseurs, j’ai vu le poids du passé, le souffle du présent et l’appel du futur. La fête n’était pas une parenthèse : elle était un enseignement. Un moment pour honorer ceux et celles qui gardent vivante la langue, les traditions, la Terre et le lien entre les générations. Un moment pour me rappeler que vivre en relation avec les autres, avec les peuples autochtones, avec le territoire est un acte d’alliance.

Et je repars avec une promesse intérieure : écouter davantage, apprendre avec humilité, et contribuer, à ma mesure, à un avenir qui honore la mémoire et la dignité des Premiers Peuples.

dimanche 25 mai 2025

Juste pour aujourd'hui

 


Consentir au vent,
tomber sans perdre racine
naître autrement.
Marquis

samedi 24 mai 2025

Chercher la lumière, même dans l’ombre


Les anciens disent que le tournesol nous enseigne à chercher la lumière même dans les temps les plus sombres, à garder notre visage tourné vers elle à travers les tempêtes et les ombres.

vendredi 23 mai 2025

Une collaboration : l’Institut Providence de Leadership transformatif et l’Archidiocèse de Gatineau

Je suis heureux de vous annoncer un bel atelier offert en collaboration avec l’Institut Providence de Leadership transformatif de l’Université Saint-Paul. Cet atelier s’appelle « Mieux vivre ensemble et apaiser les conflits en paroisse ». Il est ouvert aux paroissien.nes, bénévoles et membres des équipes pastorales des paroisses de l’Archidiocèse de Gatineau.

Pendant deux heures, nous parlerons de la façon de mieux vivre ensemble, même quand il y a des désaccords ou des tensions.
Ensemble, nous verrons comment écouter les autres, mieux communiquer et trouver des solutions respectueuses quand il y a des conflits. Ce sera un moment simple, vrai et humain, pour renforcer nos liens et faire grandir la paix dans nos communautés.



De combien de sécurité ai-je besoin pour vivre pleinement mes insécurités?


Peut-être juste assez pour ne pas m’effondrer.

Juste assez pour me sentir accueilli.e, même tremblant.e.

Pas trop, pour ne pas m’engourdir.

Mais assez pour oser m’approcher de mes zones d’ombre sans m’y perdre.

Assez pour rester debout, vulnérable, avec le cœur ouvert.

Parce que c’est dans cet espace fragile, entre sécurité et vertige,

que naît la transformation.

jeudi 22 mai 2025

Retrouver le goût de l’innocence


Et si le plus grand courage était de redevenir capable d’émerveillement ?

S’émerveiller sans cynisme.

Regarder sans juger.

Écouter sans se défendre.

Retrouver en soi l’espace silencieux qui n’a jamais cessé d’aimer.

mercredi 21 mai 2025

Se connaître pour mieux accompagner : une traversée avec l’ennéagramme

 


Aujourd’hui, dans le cadre du cours Dimensions spirituelles du leadership en accompagnement de groupe, nous allons explorer l’ennéagramme comme une voie d’accès à une connaissance de soi plus profonde, au service de la présence et de l’accompagnement.

Loin d’être une simple typologie de personnalités, l’ennéagramme nous invite à reconnaître les mécanismes intérieurs qui façonnent nos réactions : nos élans, nos peurs, nos stratégies inconscientes… mais aussi nos élans de transformation. En approchant ces dynamiques avec curiosité et bienveillance, nous pouvons cultiver une posture plus lucide, plus souple et plus ouverte.

Dans un contexte d’accompagnement de groupe, cette exploration nous permettra de mieux comprendre comment notre style relationnel influence notre manière d’être avec les autres, et comment l’on peut accompagner sans projeter, écouter sans filtrer, guider sans diriger.

Un moment pour habiter le passage entre personnalité et essence, entre protection et ouverture.

lundi 19 mai 2025

Pensée du jour

 

Le visage du pardon, au cœur de la nation Innue, n'est pas un mot, ni un geste figé, c’est une présence. Une manière d’habiter la terre, d’écouter les tambours du passé sans rompre le fil de la vie. C’est un regard tendre posé sur l’autre, même dans la douleur, une ouverture silencieuse où les blessures deviennent des ponts.

Marquis

dimanche 18 mai 2025

Là où le pardon touche la terre

 



Aujourd’hui, au pays des Innus, un premier Cercle de Pardon a vu le jour.
Coanimé avec une aînée de la nation, bercé par le chant des tambours portés par desfemmes,
tout près d’une rivière nommée Marguerite, comme ma mère.

En ce 18 mai, jour où ma sœur Guylaine aurait eu 67 ans,
la Vie a tissé un fil invisible entre les mémoires et les présences,
les racines et les voix qui s’élèvent.

Le pardon a pris forme, au rythme du cœur, dans l’écoute du sacré.
Un souffle ancien s’est levé.

J’ai senti l’humilité de ce qui nous dépasse.
Et dans cette rencontre entre la terre, les ancêtres et les vivants,
quelque chose en moi s’est ouvert, profondément.

Un premier cercle.
Une trace offerte.
Un passage honoré.

vendredi 16 mai 2025

Là où je me tiens, quelque chose cherche à naître

 

Là où je me tiens, je sens qu’un passage s’ouvre.

Je ne suis plus simplement dans l’action ou dans la transmission, mais dans une écoute plus vaste. Quelque chose cherche à naître à travers moi, non pas pour moi, mais pour le monde. Une manière d’être plus enracinée, plus habitée, plus reliée.

Ce qui veut naître, ce n’est pas un nouveau projet à lancer ni un rôle à revêtir. C’est une posture. Une présence. Une manière de tenir les espaces avec douceur, de marcher aux côtés sans diriger, d’accompagner sans imposer.

Ce qui veut naître là où je me tiens, c’est un art d’accompagner nourri par le silence, par la résonance, par la sagesse des gestes simples. C’est un cercle invisible qui relie les traditions, les êtres, les saisons de la vie. Une offrande discrète, mais profonde, qui me dépasse et m’appelle.

Je ne sais pas exactement ce que ce sera. Mais je le sens respirer à l’intérieur de moi.

Et je choisis de lui faire place.

jeudi 15 mai 2025

Marcher vers le pardon, un cercle à la fois


 

Cette fin de semaine, j’ai l’honneur de coanimer des cercles de pardon avec des membres de la Nation Innue.

Je n’y vais pas pour enseigner, ni pour réparer.
J’y vais pour écouteraccueillircheminer humblement avec celles et ceux qui portent une mémoire ancienne et profonde.

Animer un cercle de pardon, c’est comme marcher pieds nus sur une terre brûlée.
Chaque pas demande respect. Chaque silence est un acte de présence.
On ne vient pas éteindre l’incendie du passé,
on vient y déposer des gouttes d’écoute,
tracer un chemin de rosée,
offrir un espace où les voix longtemps étouffées peuvent à nouveau se dire, en sécurité.

Ces cercles ne sont pas des lieux de discours.
Ce sont des espaces de cœur.
De ceux où le pardon n’est pas une obligation,
mais un mouvement lent, sacré, libre et profondément humain.

Merci à celles et ceux qui rendent ces rencontres possibles.
Je marche avec gratitude.

mercredi 14 mai 2025

Réflexion matinale – Entre les terres et les liens


 Ce matin, je me réveille entre deux mondes.

Mon corps est revenu d’Islande, mais mon souffle est encore là-bas, quelque part entre les déserts de lave et les cercles de pleine lune. Là où le silence parle plus fort que les mots, et où l’intériorité trouve un écho dans les pierres anciennes.

Je reprends le chemin de l’Université Saint-Paul pour le deuxième cours sur les dimensions spirituelles du leadership en accompagnement de groupe. Il y a une résonance particulière à enseigner cette matière aujourd’hui. Comme si les volcans d’Islande avaient éclairé une partie de mon feu intérieur, un feu qui ne cherche pas à convaincre, mais à éclairer doucement les passages de l’autre.

En me tenant devant les étudiant.es, je ne transmets pas un savoir, je tends un miroir. Celui de notre propre manière d’être en relation. Et aujourd’hui, plus que jamais, je sens que mon enseignement est une offrande fragile, mouvante, vivante, née de mon écoute du monde.

Je me prépare aussi, en silence, à coanimer les cercles de pardon avec des membres de la nation Innue cette fin de semaine. Ce n’est pas une tâche, c’est une traversée. Je sais que je ne vais pas "animer", mais me déposer dans le souffle du collectif. Être au service d’un espace où les blessures, les silences et les forces ancestrales peuvent se dire autrement.

Je me tiens donc entre ces trois lieux :

  • la mémoire minérale de l’Islande,

  • la présence studieuse et ouverte des étudiant.es,

  • et le territoire sacré de l’écoute innue à venir.

Je me rappelle ce que disait un vieux sage :
« Il ne suffit pas d’aller quelque part, il faut revenir transformé. »

Aujourd’hui, je ne cherche pas à expliquer.
Je cherche à habiter ce qui m’habite.

mardi 13 mai 2025

Là où les vents dessinent des triangles

 

Ce qui cherche à naître à travers moi, ce n’est peut-être pas un projet à inventer, ni une structure à bâtir, mais un approfondissement du sens de ce que je fais déjà, porté par une conscience plus vaste, plus reliée, plus initiée.


En Islande, j’ai senti revenir en moi des symboles fondateurs, semés il y a 17 ans lors de ma première visite au Edgar Cayce Centre.
Je m’étais offert deux choses :

  • un mot : imagine, comme une clef intérieure pour traverser le visible et nourrir l’invisible ;
  • et un papillon, archétype vivant de la métamorphose, messager discret entre l’ombre et la lumière.

Ces deux signes me reviennent aujourd’hui, non plus comme des souvenirs, mais comme des repères spirituels.
Ils me rappellent que la transformation véritable ne s’impose pas : elle se traverse.


Et justement, en Islande, je n’ai pas seulement été témoin, j’ai été participant actif : j’ai coanimé, avec Olivier Clerc, Eileen et Mark, un Cercle de Pardon devant 150 participant.es.
Dans ce champ de présence collective, j’ai senti que ma mission ne résidait pas dans l’enseignement ou l’animation, mais dans la tenue d’un espace vivant.
Un espace où chacun pouvait se réconcilier avec ses blessures, ses ancêtres, et ses propres gestes non posés.


Ce jour-là, un triangle a pris forme en moi.
Le même triangle que portent les anciens symboles vikings : le Valknut, composé de trois triangles entrelacés, souvent associé à Odin, aux rites de passage, et aux mondes invisibles.
Ce triangle n’est pas une figure figée, mais un portail entre les mondes :

  • le monde que l’on quitte,
  • le monde que l’on habite,
  • le monde que l’on espère.


Je l’ai reconnu parce que je l’avais déjà vu non pas en Islande, mais dans le désert du Nouveau-Mexique.
Dans la terre rouge, dans les roches, dans les silences de l’ermitage, ce triangle m’avait déjà chuchoté : « Ce n’est pas là-bas que tu trouveras, c’est dans le passage. »


Les déserts d’Islande vastes, silencieux, lunaires m’ont parlé comme ceux du Nouveau-Mexique :
ce sont des paysages qui dénudent, qui n’offrent aucun refuge sauf celui du ciel.
Des lieux où le vent efface les illusions,
où le sacré n’est pas à chercher dans les temples, mais dans les pierres, les os, et le souffle.

Dans ces déserts, je suis devenu transparent à moi-même.
Et ce que j’y ai trouvé n’est ni une nouvelle mission ni un appel spectaculaire.
Mais un simple mot, revenu du fond de moi :
“Sers.”

Sers la Vie. Sers le lien. Sers l’invisible qui se révèle dans les gestes simples.

Je deviens, peu à peu, un serviteur du lien vivant.
Non pour être vu,
mais pour devenir un triangle entre les mondes :
entre les vivants et les ancêtres,
entre le silence et la parole,
entre ce que nous sommes et ce que nous devenons.

lundi 12 mai 2025

Donner sans reprendre

Sur cette terre volcanique, entre ciel bas et lumière immense, je marche. L’Islande m’accueille avec ses silences rugueux, ses vents francs et ses pierres qui ne cherchent pas à plaire. Ici, tout semble avoir été donné sans condition : l’eau qui jaillit, la chaleur du sol, les vastes étendues où rien ne s’impose. Et pourtant, tout y est reçu selon ses lois propres. Rien ne pousse là où on le voudrait, rien ne se plie aux désirs de l’étranger.

Je me rends compte que je suis venu ici chargé d’offrandes. Des paroles, des gestes, des élans de présence. J’ai offert des idées, des intentions, même des silences pensés comme soutiens. Mais certains de mes dons ont été modifiés, repris autrement, déplacés. Un regard qui se détourne, une réponse qui redéfinit, une absence d’écho.

Au début, cela me bouscule. Je me demande : est-ce moi qui donne mal? Est-ce eux qui ne savent pas recevoir? Puis je réalise… Il y a là un miroir.

L’Islande m’apprend que donner, c’est laisser partir. Que toute offrande contient en elle une épreuve de détachement. Quand je donne et que l’autre transforme, je suis appelé à écouter ce qui résiste, non comme un rejet, mais comme une forme d’honnêteté. Peut-être que je donne ce que je crois bon, mais pas ce dont l’autre a réellement besoin. Peut-être que je cherche, à mon insu, à provoquer un lien, un écho, une reconnaissance.

Alors je m’arrête, au bord d’une source chaude. Je respire. Je sens que je peux donner sans attacher. Je peux aussi recevoir l’inattendu : une main posée sur mon épaule, un mot venu du fond d’un accent inconnu, ou un simple souffle de vent qui me dit « laisse vivre ce que tu offres ».

Et je comprends, dans mon corps autant que dans mon cœur, que l’humilité du don, c’est aussi l’acceptation de sa transformation. Que le lien ne se tisse pas toujours dans la réciprocité directe, mais parfois dans l’espace laissé libre après que l’autre ait touché et transformé ce qu’on lui a remis

mercredi 7 mai 2025

Avant de partir : Islande

 

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Pas à pas, le vent

porte mes rêves lointains

l’horizon s’ouvre. 



Début aujourd’hui du cours Dimensions spirituelles du leadership en accompagnement de groupe à l'Université Saint-Paul, un premier pas intérieur, alors que je m’apprête à m’envoler vers l’Islande. Deux voyages qui se répondent.

mardi 6 mai 2025

Là où naît le bourgeon, le regard s’ouvre

Hier, en marchant en silence dans un petit sentier boisé, mon regard a été happé par quelque chose de discret mais saisissant : les premiers bourgeons éclatés. Pas encore des feuilles, pas encore de l’ombre. Juste ces petites mains ouvertes, fragiles et vibrantes, tendues vers la lumière.

Je me suis arrêté. En moi, deux mouvements se sont mis à dialoguer.

D’un côté, regarder avec distance. Je voyais le processus biologique, le cycle saisonnier, la photosynthèse en marche. Une compréhension lucide du vivant. Un regard qui me permettait de situer, d’interpréter, de nommer. C’est ce regard qui m’apprend à lire la complexité des choses, à relier l’événement visible à un ensemble plus vaste.

Mais de l’autre côté, regarder de l’intérieur. Quelque chose en moi vibrait, sans mot. Ce bourgeon, c’était moi. Une part de moi, peut-être lasse, peut-être en attente, venait d’être touchée. L’éclat de ce minuscule jaillissement dans l’arbre me rappelait une vérité plus ancienne : la vie revient, doucement, sans fracas, sans se faire prier. Elle revient quand on ne l’attend plus, et elle ne demande pas la permission.

Dans cet instant suspendu, j’ai senti que l’accompagnement, au fond, ressemble à cela. Observer un être ou un groupe au moment où quelque chose s’ouvre. Être là, ni pour expliquer, ni pour forcer. Juste pour être témoin de cette force du vivant qui éclôt, encore et encore, quand les conditions sont réunies.

Le bourgeon ne sait pas qu’il est observé. Il n’a pas besoin d’encouragement pour fleurir. Mais il m’a appris quelque chose. Et j’ai continué ma marche avec une présence un peu plus ample.

 

dimanche 4 mai 2025

Islande : Un cercle de pardon sous le ciel du Nord

 

Dans quelques jours, je m’envolerai pour l’Islande, cette terre de feu, de glace et de silence habité. C’est là, au cœur du Spirit of Humanity Forum, que j’aurai le privilège de co-animer un Cercle de Pardon, aux côtés d’Olivier Clerc, fondateur du mouvement, et d’Eileen Barker, médiatrice et accompagnante reconnue des États-Unis.


Plus de 150 participants, venus des quatre coins du monde, prendront part à ce forum international qui explore l’écoute, la dignité et la transformation intérieure. Ensemble, nous nous rassemblerons dans la lumière du Nord pour ouvrir un espace de libération intérieure, où chacun pourra déposer, en toute sécurité, ses blessures anciennes, ses pardons différés, ses mots retenus.


Dans ces cercles, il n’y a rien à performer. Il suffit de venir, de s’asseoir, et de laisser la magie du rituel opérer. Il ne s’agit pas d’un pardon psychologique ou moral. Il s’agit d’un geste du cœur. D’une offrande. D’un mouvement de paix.

Participer à ce cercle, c’est dire oui à l’invisible qui guérit, au silence qui rassemble, à l’autre en soi-même.

Je suis honoré de porter ce flambeau avec mes compagnons de route, dans un lieu où l’humanité se donne rendez-vous pour se souvenir de son souffle profond.


Le pardon n’est pas une fin. C’est une ouverture. Une manière de marcher plus léger vers ce qui vient.

Marquis

Des racines du moi au souffle du Je

Je viens d’un monde tissé d’histoires, de silences et de gestes.
Un monde où la foi se disait à voix basse où le pain du quotidien se bénissait sans ostentation, mais avec ferveur.
C’est là qu’est né mon moi : dans les traditions orales, les rituels familiaux, les prières partagées, les événements de village et les visages marqués par la vie, capables de dire « merci » sans prononcer un mot.

Ce moi culturel, pétri de catholicisme populaire, de valeurs rurales et de survivance francophone, m’a donné une langue, une terre intérieure, un sens du sacré.
Mais il m’a fallu un jour traverser ses limites pour découvrir un Je plus vaste. Un Je qui ne renie rien, mais qui s’ouvre à tout.
Un Je façonné non seulement par l’héritage, mais aussi par la rencontre avec d’autres sagesses, d’autres rites, d’autres visages du mystère.

Aujourd’hui, je marche avec le cœur d’un fils, mais les pieds d’un pèlerin.
Je porte encore la mémoire de mes ancêtres, mais je ne la laisse pas définir entièrement le visage que je donne au sacré.
Je me tiens au croisement des traditions et de l’éveil, là où la foi devient souffle, écoute, et présence.

Le moi croyait.
Le Je s’abandonne.

Le moi répétait.
Le Je entre en relation.

Et dans cet espace entre les deux, quelque chose de plus grand me façonne, me dépasse, m’habite.
Non pas une identité fixe, mais une appartenance vivante.
Un lien.
Un feu.

Marquis

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samedi 3 mai 2025

Là où commence la vraie présence

Trop souvent, on pense que la spiritualité consiste à fuir la réalité, à chercher un refuge loin du chaos du monde. Mais peut-être est-ce exactement l’inverse.

C’est en entrant dans le réel, avec écoute, avec tendresse, avec courage, que quelque chose de plus vaste peut nous traverser.
C’est là au cœur même de la vie quotidienne, de nos liens, de nos fragilités que naît l’élan d’une vie spirituelle incarnée.

vendredi 2 mai 2025

Marcher en humanité partagée


Il y a des jours où marcher seul ne suffit plus.

Non parce que l’on est faible,
mais parce que le monde nous appelle autrement :
non plus à s’orienter seul, mais à marcher en humanité partagée.

Ce n’est pas marcher en groupe.
Ce n’est pas avancer au même rythme, sur la même route, dans le même but.
C’est marcher en lien, même quand nos pas sont différents.
C’est sentir que, dans l’autre, quelque chose de moi respire aussi.

Marcher en humanité partagée,
c’est ralentir quand l’un de nous trébuche,
c’est écouter quand l’un de nous porte un silence trop lourd.
C’est tendre la main non pour guider,
mais pour accompagner
avec les mains pleines de soin
et le cœur ouvert au souffle de l’autre.

C’est une autre manière de vivre.
Pas dans la performance.
Dans la présence.
Pas dans la réussite.
Dans la résonance.

Cela demande de lâcher le besoin de savoir où l’on va,
et d’honorer ce que l’on découvre en marchant ensemble :
les chemins invisibles qui naissent de nos regards croisés,
les paysages intérieurs que l’on n’aurait jamais visités sans l’autre.

Et peut-être que le vrai voyage, ce n’est pas d’aller loin,
mais d’apprendre à marcher autrement.

Pas au-dessus.
Pas en avant.
Mais à côté.

Dans l’écoute.
Dans la présence.
Dans le souffle commun.

Et si on reconnaissait cette manière de marcher comme une compétence, une sagesse, une transmission essentielle pour nos sociétés fatiguées de rapports de force ?

jeudi 1 mai 2025

10 ans de Pardon vivant - Merci Olivier Clerc !

10 ans de l’Association Pardon International : Une célébration du regard du cœur

Aujourd’hui, 1er mai, nous célébrons avec joie les 10 ans de l’Association Pardon International. Une décennie d’engagement, de croissance, de guérison et de rencontres humaines profondes.


Dix ans déjà que cette aventure collective a commencé, avec pour mission de favoriser l’étude et la pratique du pardon, notamment à travers le développement des Cercles de Pardon. Depuis, plus de 700 personnes ont été formées, des cercles ont vu le jour dans plus d’une quinzaine de pays, et les appels continuent de venir du monde entier.  Le mouvement ne cesse de rayonner.


Je suis fier d’être membre de cette association, et d’y contribuer activement au sein de la Commission de formation. C’est un honneur de participer à cette œuvre de réparation et de transformation intérieure, par une pédagogie du cœur, du lien, et de la libération.


Le chemin du pardon nous invite à passer, comme l’exprime Richard Rohr, du regard extérieur, analytique, souvent chargé de jugement, au regard du dedans, enraciné dans l’humilité, la résonance et la reconnaissance mutuelle.


Dans les Cercles de Pardon, nous n’observons pas le pardon, nous le vivons. Nous n’analysons pas la blessure, nous accueillons ce qu’elle nous demande de transformer. Nous ne cherchons pas à avoir raison, nous cherchons à retrouver notre cœur d’humanité.


Ces dix années témoignent d’un changement de paradigme : du jugement à la présence, de la séparation à la relation, de la blessure figée à l’élan vivant.


Et ce n’est qu’un commencement…


Pour marquer cet anniversaire, j’aurai la joie de coanimer un Cercle de Pardon à Gatineau, le 30 mai prochain. Un moment pour célébrer, se recueillir, et raviver ensemble la flamme du cœur libéré.


À toutes celles et ceux qui ont marché, marché encore, et dit oui au pardon : merci.