Quand la société traverse une période d’incertitude, les médias jouent souvent le rôle d’un miroir : ils reflètent nos peurs autant que nos espoirs. Mais ce miroir, parfois, déforme. Plutôt que de regarder la complexité des systèmes (le logement, la santé, l’éducation, la gouvernance) on cherche un visage à blâmer. Les personnes migrantes, les syndicats, les fonctionnaires deviennent alors des boucs émissaires commodes, concentrant nos frustrations collectives.
Ce glissement narratif simplifie l’analyse et soulage l’angoisse, mais il appauvrit le débat public. Il détourne notre regard du systémique vers le symbolique, du commun vers la division.
Or, comprendre, c’est toujours résister à la simplification.
Apprendre à voir au-delà du bouc émissaire, c’est réapprendre à écouter la complexité du réel, celle des causes entremêlées, des contextes, des voix qu’on n’entend plus. C’est là que la responsabilité journalistique retrouve sa mission : aider à penser, non à désigner.
Car une société mûre ne cherche pas un coupable à chaque crise : elle cherche un sens à reconstruire ensemble.
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