mardi 8 avril 2025

Si je dois choisir entre deux options, je choisis la troisième.

Souvent, lorsqu’on me propose deux choix, j’ai cette impression subtile qu’aucun des deux ne me ressemble vraiment.

J’ai appris à reconnaître ce moment de tension intérieure où l’on me presse de décider rapidement, de trancher, de me positionner. Et dans ce silence, quelque chose en moi résiste non pas par peur, mais par fidélité à ce qui n’est pas encore tout à fait clair. À ce qui cherche à émerger autrement.

La troisième option, c’est celle qui ne s’impose pas, mais qui émerge.
C’est un sentier discret, un pressentiment doux.
Parfois, c’est un “je ne sais pas encore”, ou un “laissons cela mûrir”.
Ce n’est ni un compromis, ni un refus, c’est une manière de demeurer fidèle à mon propre rythme, à mon intégrité intérieure.

Choisir la troisième voie, pour moi, c’est refuser de me laisser entraîner par l’urgence ou l’habitude.
C’est faire de la place pour l’inattendu, l’essentiel, ce qui résonne profondément même si cela déroute.
C’est honorer la complexité du vivant en moi, et accueillir la réponse qui surgit de l’écoute patiente.

Je ne cherche pas à compliquer les choses.
Je cherche simplement à ne pas me perdre dans des choix trop étroits pour contenir ce que je deviens.

lundi 7 avril 2025

Habiter le monde sans blesser

 

Pourquoi la non-violence est au cœur de mes enseignements ?

Lorsqu’on prend réellement la mesure du coût de la violence qu’elle soit brutale ou insidieuse on devient moins enclin à la justifier dans l’espace social.
Choisir la non-violence, ce n’est pas fuir le conflit : c’est y entrer avec courage et lucidité.
C’est préférer la clarté à la domination, l’écoute au jugement, et le lien à la rupture.
C’est une manière de se tenir debout, sans blesser.


Ce que le Nord m’a appris

Quand j’étais jeune, j’ai grandi en Abitibi et dans le Nord de l’Ontario.
Ce sont des régions où les hivers sont longs, le froid intense, et où la vie demande souvent plus d’efforts. Mais c’est justement dans ces conditions que j’ai appris des choses importantes sur la vie… et sur moi-même.

Là-bas, on ne te demande pas si tu es prêt. On apprend en faisant.
Parfois, on réussit, parfois, on tombe. Mais on se relève, et on continue.
On comprend vite que l’échec fait partie du chemin.

C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai moins peur de prendre des risques. Moins peur d’agir, même quand je ne suis pas certain du résultat.
J’ai compris qu’il vaut mieux essayer que rester figé.

Le Nord m’a aussi appris à ne pas me laisser impressionner par les apparences. Ce qui compte, c’est d’être solide à l’intérieur.
D’être vrai.

Grâce à cette enfance-là, je suis devenu quelqu’un qui ose.

Pas pour être le meilleur, mais pour avancer avec confiance, même dans l’inconnu. 

dimanche 6 avril 2025

Voir ne suffit pas

Ils voient et entendent les autres sur leur passage, mais ils ne les regardent pas, ils ne les écoutent pas.

Il existe une différence profonde entre croiser et rencontrer, entre percevoir et être réellement présent.

On peut voir sans vraiment regarder. On peut entendre sans vraiment écouter.
Dans le flot de nos journées, tant de visages défilent, tant de voix résonnent…
Mais combien d’entre eux reçoivent véritablement notre attention ?

Aujourd’hui, je choisis de ralentir le pas et d’ouvrir le cœur.
Je choisis d’offrir à chaque présence la possibilité d’exister pleinement, même brièvement.

Car parfois, un regard attentif ou une écoute silencieuse
peut être un véritable baume pour l’âme de l’autre —
et peut-être aussi pour la mienne.

Et si, aujourd’hui, j’étais ce lieu discret où l’autre se sent vu, entendu, reconnu ?

samedi 5 avril 2025

Le pin et le bouleau — une histoire de passage


Il était une fois, dans une forêt où le vent savait parler, un vieux pin blanc et un jeune bouleau qui vivaient côte à côte depuis de nombreuses saisons.

Le pin, grand et calme, portait dans ses cernes les mémoires de ceux et celles qui étaient venus chercher repos sous ses branches. Il avait vu les générations passer, les enfants devenir aînés, les souffrances devenir prières. Il se tenait droit, enraciné profondément dans la Terre, gardien silencieux du temps.

Le bouleau, lui, frémissait à chaque souffle du matin. Sa peau blanche se fendillait par endroits, comme pour mieux laisser entrer la lumière. Il n’avait pas la sagesse du pin, mais il possédait une curiosité lumineuse et une sensibilité vive aux blessures invisibles. Il écoutait les pleurs de ceux qui passaient sans qu’ils n’osent parler. Il savait reconnaître les cœurs en mue.

Un jour, une vieille femme s’arrêta entre eux. Elle marchait lentement, avec dans les yeux un monde entier de départs et de renaissances. Elle posa ses mains sur le pin, puis sur le bouleau.

Elle dit :

« Tu es le souvenir, pin. Et toi, bouleau, tu es le passage. Ensemble, vous êtes le chemin que j’emprunte pour apprendre à vieillir. Pas à me diminuer, mais à devenir plus légère. Pas à disparaître, mais à me transformer en présence. »

Le pin hocha ses branches avec gravité. Le bouleau laissa tomber une feuille comme une offrande.

Ce soir-là, le vent souffla un peu plus fort, comme pour raconter l’histoire aux étoiles. Et dans la clairière, là où la femme s’était arrêtée, poussa un cercle de mousse douce, lieu de repos pour ceux qui cherchent à se souvenir, et pour ceux qui osent se transformer.

 

 Et depuis ce jour…

Le pin enseigne à se tenir debout dans la durée.

Le bouleau enseigne à se laisser traverser.

Et ceux qui marchent entre les deux…

trouvent un Centre.

Non pas un lieu fixe, mais un lieu vivant.

Un lieu de passage et de présence,

où l’on apprend, un geste à la fois,

à vieillir en communauté,

et à accompagner avec cœur.


Un Centre en devenir à l'Université Saint-Paul : Centre de recherche et d’accompagnement communautaire sur le vieillissement et la longévité

vendredi 4 avril 2025

La confiance comme terre d’émergence


Certains désirs vibrent en nous comme des étoiles discrètes.

Des élans profonds, parfois anciens, parfois encore à peine nommés.
Et pourtant, ces désirs, lorsqu’ils sont vrais, ont besoin de plus qu’un plan ou qu’un effort.
Ils ont besoin d’une terre intérieure où germer.

Cette terre, c’est la confiance.

Pas une confiance naïve qui promet que tout ira bien.
Mais une confiance plus vaste, plus tranquille, celle qui permet de dire :

Je peux avancer, même sans tout comprendre.
Je peux créer, même si le doute est là.
Je peux me montrer, même si je ne suis pas parfaite.

La confiance ne garantit pas le résultat,
mais elle ouvre l’espace du possible,
elle apaise l’attente,
elle donne l’élan pour commencer.

Sans confiance, nos désirs se figent, étouffés par la peur ou l’exigence.
Avec confiance, même le plus petit geste devient un acte d’alignement.

Invitation du jour

Qu’est-ce que je désire vraiment ?
Et suis-je prêt·e à lui faire confiance,
comme on fait confiance à une graine pour germer en son temps ?