vendredi 26 décembre 2025

Ne rien mélanger, ne rien séparer


 De gauche à droite, on voit Saint-Paul, Socrate, le Viking et le premier Français arrivé au Canada.

Ils sont différents. Chacun a son histoire, sa manière d’être et sa façon de marcher dans le monde. Ils ne sont pas les mêmes. Et pourtant, ils sont ensemble.

Saint-Paul représente l’appel intérieur. Il est celui qui entend une voix et accepte d’être transformé. Il nous rappelle que certains chemins commencent par un oui, même quand on ne sait pas encore où cela mènera.

Socrate est l’homme des questions. Il ne donne pas de réponses toutes faites. Il aide à penser, à douter et à chercher la vérité avec les autres. Il montre que poser les bonnes questions est aussi important que trouver des réponses.

Le Viking incarne le courage. Il ose quitter ce qu’il connaît pour affronter l’inconnu. Il nous apprend que certaines choses ne s’apprennent pas dans les livres, mais en vivant des épreuves.

Le premier Français arrivé au Canada représente l’enracinement. Il doit apprendre à vivre sur une nouvelle terre, à écouter, à s’adapter et à transmettre ce qu’il a appris à ceux qui viendront après lui.

Rien n’est mélangé.
Chacun garde son rôle et sa façon d’être.

Rien n’est séparé.
Sans l’appel, il n’y a pas de chemin.
Sans les questions, on avance les yeux fermés.
Sans le courage, on n’ose pas partir.
Sans l’enracinement, on ne construit rien de durable.

Ils regardent tous devant eux.
Ils nous invitent à faire de même.

Voyager, ici, ce n’est pas seulement aller ailleurs.
C’est apprendre à grandir, à sa manière, sans perdre le lien avec les autres.

Ne rien mélanger.
Ne rien séparer.

jeudi 25 décembre 2025

La naissance silencieuse


Le matin de Noël se leva doucement sur le village. La neige avait cessé de tomber durant la nuit et tout semblait immobile, comme retenu dans un souffle. Le ciel pâle annonçait le jour, et une lumière fragile glissait entre les arbres chargés de blanc. On n’entendait presque rien, sinon le craquement discret du froid.

Au bord du village, une petite maison de bois se tenait éveillée. À l’intérieur, un feu brûlait encore. Pas un grand feu éclatant, mais une chaleur stable, fidèle, entretenue avec soin. La veille au soir, son habitant s’était arrêté pour la première fois depuis longtemps. Il n’avait rien réparé, rien organisé. Il avait simplement pris le temps d’être là.

En regardant les flammes danser au matin de Noël, il comprit ce qui lui avait échappé. Toute l’année, il avait pris soin des autres, répondu aux demandes, avancé sans pause. Il croyait que c’était cela, vivre. Il n’avait pas vu que, pendant ce temps, il se laissait lui-même dans le froid.

Ce matin-là, quelque chose était différent. Il ne ressentait plus l’urgence. Il sentait une présence calme, comme si un lien ancien venait d’être renoué. Le feu que l'on entretient ne symbolisait plus seulement la maison. Il reflétait ce qui brûlait à nouveau en lui.

Quand il ouvrit la porte, l’air froid le saisit, mais il n’en eut pas peur. Il marcha vers le village, prêt à rejoindre les autres, non plus par devoir, mais par choix. Il savait désormais reconnaître quand son feu intérieur avait besoin d’attention.

Depuis ce matin de Noël, on raconte que la plus grande naissance ne se voit pas toujours. Elle se produit quand quelqu’un apprend à prendre soin de sa propre lumière, afin de pouvoir la partager sans s’éteindre.

mercredi 24 décembre 2025

Deux crèches, une histoire d'amour

 


Dans la première, l’amour se dit en grandeur et en mystère. La lumière déborde, les anges veillent, les rois s’inclinent, le cosmos lui-même semble retenir son souffle devant un enfant déposé dans la paille. Tout y est solennel, doré, presque hors du temps, comme si le monde entier reconnaissait que quelque chose de plus vaste que lui vient de naître. Dans la seconde, l’amour se fait proche, tendre, un peu espiègle. Il prend le visage d’un Père Noël fatigué mais heureux, de chats attentifs, de la chaleur d’un foyer où le sacré se glisse sans bruit dans l’ordinaire. Entre ces deux crèches, il n’y a pas rupture, mais continuité. C’est le même amour qui se raconte, tantôt dans la splendeur du mythe, tantôt dans l’intimité du quotidien. Un amour qui n’a pas besoin d’un seul décor pour exister, car il naît partout où quelqu’un veille, protège, accueille la vie et consent à la tenir avec douceur.



mardi 23 décembre 2025

Rester ouvert à l’inattendu

 

En ce temps de Noël,
je te souhaite de demeurer disponible
à ce qui continue de se révéler,
dans le silence, la simplicité
et les gestes ordinaires.

Que ton cœur reste ouvert,
même quand tout n’est pas clair,
et que la présence se donne
là où tu ne l’attendais plus.

Joyeux Noël.

Marquis

dimanche 21 décembre 2025

Quand la lumière revient sans bruit


Ce matin, le jour est court.

La lumière arrive doucement, presque en silence.

Le solstice d’hiver nous rappelle quelque chose d’essentiel. Certaines choses importantes ne se forcent pas. Elles ont besoin de temps, de calme et de présence.

Nous entrons dans une période où nos sociétés devront réapprendre à créer des communautés de soutien émotionnel et relationnel. Des espaces où les personnes peuvent traverser des moments difficiles sans être jugées, sans être étiquetées, sans que leur vécu soit transformé en problème à corriger ou en produit à vendre.

Aujourd’hui, beaucoup de gens se sentent fatigués. Cette fatigue n’est pas seulement personnelle. Elle est collective. Elle vient d’un monde qui va vite, qui demande beaucoup, mais qui offre peu d’endroits pour déposer ce que l’on vit vraiment.

Pendant longtemps, les familles, les voisins et les communautés jouaient ce rôle. Ils offraient des repères pour traverser les grandes étapes de la vie, prendre soin d’un proche, vieillir, perdre, changer. Aujourd’hui, ces repères sont plus fragiles, et on demande souvent aux individus de tenir seuls ce qui devrait être partagé.

Le solstice nous enseigne autre chose.
Il nous montre que la lumière revient sans bruit.
Pas parce qu’on la force, mais parce qu’on lui fait de la place.

Créer des communautés de résilience, c’est peut-être simplement cela. Offrir des lieux où l’on peut parler sans être corrigé, où l’on peut être fatigué sans être pressé d’aller mieux, où l’écoute vient avant les solutions.

Ce matin, en regardant la lumière apparaître lentement à l’horizon, je me dis que les défis des prochaines années ne seront pas seulement technologiques, économiques ou politiques. Ils seront profondément humains.

Saurons-nous rester présents les uns pour les autres
quand tout va vite
quand le sens devient flou
quand la fatigue s’installe

Le solstice ne donne pas de réponses toutes faites.
Il nous invite simplement à ralentir.

À écouter.
À rester reliés.

Et peut-être, ensemble, à laisser la lumière revenir.