Mais la vraie technologie, la plus ancienne, la plus mystérieuse, celle qui nous porte depuis des millénaires, est déjà à l’intérieur de toi.
Reviens dans la relation humaine.
Et ça, aucune machine ne pourra jamais le coder.
Elle t’attend.
Accompagner en lien avec la vie. Professeur et chercheur à l’Université Saint-Paul, j’explore l’accompagnement communautaire écosystémique et intégratif autour de la proche aidance, de l’écoute et de la vitalité relationnelle. Ce blogue est un espace de réflexions et d’expériences pour nourrir une manière d’accompagner plus humaine, reliée et incarnée.
Mais la vraie technologie, la plus ancienne, la plus mystérieuse, celle qui nous porte depuis des millénaires, est déjà à l’intérieur de toi.
Reviens dans la relation humaine.
Et ça, aucune machine ne pourra jamais le coder.
Elle t’attend.
que se passe-t-il en moi lorsque j’entre dans une relation avec de bonnes intentions, mais que la manifestation crée autre chose ?
Et derrière cette question, une autre, plus dérangeante :
que se passe-t-il lorsque le mal ou la haine traversent le champ relationnel ?
Longtemps, j’ai cru que la bonté, l’écoute, la clarté suffiraient.
Mais la vie me rappelle que l’intention n’immunise de rien.
Le champ relationnel n’est pas un refuge : il est un lieu de vérité.
La lumière y révèle autant qu’elle réchauffe.
La haine, lorsqu’elle surgit, ne dit pas seulement quelque chose de l’autre.
Elle révèle un déséquilibre, une blessure, une peur ancienne.
Elle teste notre maturité :
rester présent sans s’armer,
lucide sans se fermer,
attentif sans absorber.
Accompagner, ce n’est pas éviter l’ombre.
C’est apprendre à ne pas s’y perdre.
C’est reconnaître que ce qui traverse l’autre ne le définit pas.
Et que ce qui me traverse ne me définit pas non plus.
Ce matin, je comprends que la véritable question n’est pas :
« Comment empêcher le mal d’entrer ? »
mais plutôt :
« Qui suis-je lorsque l’ombre traverse le champ ? »
La réponse n’est jamais immédiate.
Elle se tisse dans la présence, la lenteur et le discernement.
Et peut-être est-ce cela, la maturité relationnelle :
habiter la lumière qui montre
et l’ombre qui enseigne
sans fuir ni précipiter l’une ou l’autre.
Pour aujourd’hui, cela suffit.
La parole qui rend le monde habitable demande un travail intérieur exigeant. Elle demande la mesure, cette capacité de Ricœur à ajuster son dire à la vulnérabilité des liens qui nous unissent. Elle demande aussi le souci de la pluralité, comme le rappelait Arendt, cette vigilance à créer un espace où chaque personne peut apparaître sans être diminuée. Et elle demande enfin la délibération au sens d’Habermas : cette patience de la discussion où l’on cherche d’abord à comprendre avant de prétendre convaincre.
Je me dis que la politique, au sens noble, devrait être cela : une manière de tenir ensemble la diversité de nos voix. Une manière de parler en sachant que les mots déposés dans l’espace public deviendront des lieux où d’autres devront habiter, respirer, exister.
Parler juste, ce n’est pas parler doucement. C’est parler de façon à ce qu’une place demeure pour chacune et chacun. Peut-être est-ce là la responsabilité la plus discrète et la plus déterminante de celles et ceux qui dirigent : veiller à ce que le monde commun ne cesse jamais d’être un espace où l’on peut encore se rencontrer.
Récemment, une rencontre m’a fait réfléchir à cela. Je me suis rendu compte que l’écoute et le dialogue n’étaient pas vraiment présents. Dans ce genre de situation, il devient difficile d’offrir un espace où les gens peuvent parler librement et se sentir entendus. Je me suis donc arrêté pour choisir ce qui me semblait juste.
Choisir la qualité du lien, c’est reconnaître que certaines relations demandent plus d’efforts qu’elles n’en donnent. Choisir la présence, c’est refuser de se laisser entraîner dans des échanges qui créent de la tension ou qui ne respectent pas notre façon d’être. Choisir la cohérence, c’est rester fidèle à ce qui nous aide à accompagner les autres avec respect et authenticité.
Dire non, parfois, c’est prendre soin de soi et de l’espace que l’on veut créer autour de soi. Ce n’est pas fermer une porte, mais protéger ce qui nous permet d’agir avec clarté et bienveillance.
Demain à Papineauville, Michel et moi offrirons un atelier consacré au lâcher-prise, un thème que les personnes proches aidantes rencontrent au coeur même de leur quotidien.
Cet atelier est présenté par le CR3A, en collaboration avec le Centre sur le vieillissement, la communauté et l’épanouissement humain de l’Université Saint-Paul, deux partenaires engagés à soutenir le mieux-être, la dignité et la résilience des communautés.
Être proche aidant, c’est traverser des passages où les repères se déplacent, parfois lentement, parfois brusquement. Dans ces moments, le courage devient un compagnon précieux. Pas un héroïsme extérieur, mais un courage intérieur, celui qui permet de respirer, d’accueillir ce qui change et de retrouver une forme de stabilité en soi.
Cet atelier invite à reconnaître ce qui se transforme, à donner un sens à ces périodes de transition, et à explorer les gestes simples ou plus affirmés qui peuvent soutenir la flamme du courage. Ranimer ce feu, c’est souvent faire un pas authentique vers une manière plus douce d’habiter le changement.
Atelier : Le lâcher-prise, ranimer le feu du courage
Présenté par : Marquis Bureau et Michel Charron
Date : 4 décembre 2025
Lieu : Salle de l’Âge d’Or, Papineauville
Un moment pour se déposer, comprendre, et se rappeler que même dans les turbulences, une part de lumière continue de chercher son chemin en nous.