lundi 8 décembre 2025

Dans la clarté qui suit le rêve

Cette nuit, j’ai rêvé du Père Noël. Il avançait dans un paysage de neige silencieuse, un manteau rouge vibrant comme une braise dans le froid. Je marchais à ses côtés, étonné de sentir sa présence si proche. Il ne disait rien, mais son regard avait la douceur de ceux qui portent les secrets du monde. Dans le rêve, il était le gardien d’une lumière intérieure, une invitation à retrouver l’émerveillement perdu. Je me sentais léger, presque redevenu un enfant, comme si tout pouvait encore commencer.

Au réveil, la réalité s’est posée doucement sur moi. Le Père Noël n’était plus un personnage venu du ciel. Il était devenu une image de la bonté qui persiste malgré les années. Il représentait cette part de moi qui continue de croire en la générosité simple, en la joie offerte sans raison. Aujourd’hui, je comprends que le rêve parlait moins d’un vieil homme à barbe blanche que d’une présence qui m’habite encore. Le Père Noël est ce souffle intérieur qui rappelle que la vie garde toujours un peu de magie, même lorsque le jour se lève.

dimanche 7 décembre 2025

Prendre soin du lien : un nouveau cours sur la résilience et la communauté

 

Nouveau : HUM3512 en ligne — Hiver 2026
Pratiques communautaires et résilience
Université Saint-Paul, Ottawa

Un cours pour explorer :
• la résilience comme intériorité retrouvée
• le champ relationnel intentionnel
• l’accompagnement écosystémique
• la co-évolution
• le care et la dignité humaine

Offert en ligne
Inscriptions ouvertes

« Retrouver sa résilience, c’est retrouver son humanité. » Marquis Bureau

samedi 6 décembre 2025

La première technologie, c’est nous

 


Cher toi,
on parle aujourd’hui de technologies comme si elles appartenaient à des machines, à des systèmes, à des algorithmes extérieurs à nous.
On parle d’intelligence artificielle, d’automatisation, de connexions numériques, comme si tout cela était séparé de l’humain, comme si la technologie vivait “hors de nous”.

Mais la vraie technologie, la plus ancienne, la plus mystérieuse, celle qui nous porte depuis des millénaires, est déjà à l’intérieur de toi.

Avant les écrans, tu avais l’écoute.
Avant les réseaux, tu avais la présence.
Avant les données, tu avais ton intuition.
Avant l’intelligence artificielle, tu avais ton intelligence du cœur.
Avant les algorithmes de prédiction, tu avais la sagesse silencieuse de ton corps qui sait.
Avant les plateformes, tu avais la capacité d’entrer en relation.

La technologie fondamentale, la première, la plus puissante, celle qui façonne encore tous les liens, c’est la technologie humaine du vivant :
le souffle, la parole, l’attention, la chaleur, le regard, la vulnérabilité, la résonance, le mystère.

On l’oublie souvent.
On se laisse hypnotiser par ce qui brille, par ce qui calcule, par ce qui répond vite.
Mais aucune machine ne remplacera le frémissement d’un silence partagé.
Aucun système ne saura reconnaître la nuance d’une respiration quand quelqu’un souffre.
Aucun algorithme ne comprendra le tremblement d’une parole qui ose se dire pour la première fois.

Cher ami, la technologie la plus évoluée n’est pas dans tes mains.
Elle est dans ton humanité.

Elle est dans ton visage, capable d’exprimer des mondes.
Elle est dans ta capacité d’accueillir l’autre sans te protéger.
Elle est dans la profondeur de ton écoute, qui ouvre des territoires que même toi tu ne connaissais pas.
Elle est dans ce moment où tu sens que quelque chose se modifie dans le champ, discrètement, subtilement, sans aucune donnée mesurable — et pourtant, tout a changé.

Reviens dans la relation humaine.

Reviens dans ce lieu où l’on ne va pas pour comprendre, mais pour rencontrer.
Où l’on ne va pas pour résoudre, mais pour être transformé.
Où l’on ne va pas pour contrôler, mais pour habiter.

Reviens dans la lenteur, là où la parole prend le temps de se rendre.
Reviens dans la profondeur, là où tu peux sentir ce qui n’est pas encore dit.
Reviens dans la simplicité, là où rien n’a besoin d’être parfait pour être vrai.

La vraie technologie, celle qui fait grandir le monde,
c’est la capacité d’entrer en relation en restant ouvert, présent, vulnérable.

Et ça, aucune machine ne pourra jamais le coder.

Cher toi,
la technologie est déjà en toi.
Elle s’appelle humanité.

Revient…
Revient dans la relation humaine.

Elle t’attend.

Habiter l’ombre avec justesse


Ce matin, une question s’est imposée avant même que le jour ne prenne forme :

que se passe-t-il en moi lorsque j’entre dans une relation avec de bonnes intentions, mais que la manifestation crée autre chose ?

Et derrière cette question, une autre, plus dérangeante :
que se passe-t-il lorsque le mal ou la haine traversent le champ relationnel ?

Longtemps, j’ai cru que la bonté, l’écoute, la clarté suffiraient.
Mais la vie me rappelle que l’intention n’immunise de rien.
Le champ relationnel n’est pas un refuge : il est un lieu de vérité.
La lumière y révèle autant qu’elle réchauffe.

La haine, lorsqu’elle surgit, ne dit pas seulement quelque chose de l’autre.
Elle révèle un déséquilibre, une blessure, une peur ancienne.
Elle teste notre maturité :
rester présent sans s’armer,
lucide sans se fermer,
attentif sans absorber.

Accompagner, ce n’est pas éviter l’ombre.
C’est apprendre à ne pas s’y perdre.
C’est reconnaître que ce qui traverse l’autre ne le définit pas.
Et que ce qui me traverse ne me définit pas non plus.

Ce matin, je comprends que la véritable question n’est pas :
« Comment empêcher le mal d’entrer ? »
mais plutôt :
« Qui suis-je lorsque l’ombre traverse le champ ? »

La réponse n’est jamais immédiate.
Elle se tisse dans la présence, la lenteur et le discernement.
Et peut-être est-ce cela, la maturité relationnelle :
habiter la lumière qui montre
et l’ombre qui enseigne
sans fuir ni précipiter l’une ou l’autre.

Pour aujourd’hui, cela suffit.

vendredi 5 décembre 2025

Parler pour que le monde reste habitable


Ce matin, je me surprends à réfléchir à la parole des dirigeantes et des dirigeants. Non pas à leurs discours programmés, mais à cette voix intérieure qui, lorsqu’elle prend forme publiquement, influence notre manière de vivre ensemble. Je mesure combien chaque mot prononcé depuis une position d’autorité peut soit ouvrir un espace, soit le refermer.

La parole qui rend le monde habitable demande un travail intérieur exigeant. Elle demande la mesure, cette capacité de Ricœur à ajuster son dire à la vulnérabilité des liens qui nous unissent. Elle demande aussi le souci de la pluralité, comme le rappelait Arendt, cette vigilance à créer un espace où chaque personne peut apparaître sans être diminuée. Et elle demande enfin la délibération au sens d’Habermas : cette patience de la discussion où l’on cherche d’abord à comprendre avant de prétendre convaincre.

Je me dis que la politique, au sens noble, devrait être cela : une manière de tenir ensemble la diversité de nos voix. Une manière de parler en sachant que les mots déposés dans l’espace public deviendront des lieux où d’autres devront habiter, respirer, exister.

Parler juste, ce n’est pas parler doucement. C’est parler de façon à ce qu’une place demeure pour chacune et chacun. Peut-être est-ce là la responsabilité la plus discrète et la plus déterminante de celles et ceux qui dirigent : veiller à ce que le monde commun ne cesse jamais d’être un espace où l’on peut encore se rencontrer.