Il y a des expériences qu’on ne cherche pas, mais qui nous trouvent. Mon séjour en Grèce fut de celles-là : une traversée entre l’extérieur et l’intériorité, entre les pierres sacrées du passé et les pierres vivantes de ma propre construction. J’y étais pour une conférence universitaire, dans un contexte de réflexion sur l’épanouissement humain. Mais j’y ai aussi marché sur les pas de Saint-Paul, reçu les silences de Delphes, et laissé mon cœur s’ouvrir à l’écho de ce que j’avais oublié de moi.
Athènes m’a offert son chaos lumineux, ses temples de marbre et ses ruelles bruissantes. J’y ai entendu la voix de Socrate, non pas dans les discours, mais dans les silences entre les mots : « Connais-toi toi-même ». Il ne s’agissait pas de comprendre, mais d’écouter. De laisser le rationnel s’incliner devant l’expérience.
À Delphes, ce ne fut pas un message clair, mais un frisson. Le genre de frisson qui réveille la mémoire de l'âme. Je ne suis pas reparti avec des réponses, mais avec une certitude tranquille : celle d'être sur le bon chemin. Il ne s’agit plus pour moi d’atteindre un sommet, mais d’entretenir un feu.
J’ai aussi marché à Corinthe, et dans l’intime compagnonnage avec Michel, j’ai goûté à une forme de pèlerinage moderne, où le sac à dos est plein de questions et les routes bordées de symboles. Les lettres de Paul aux premières communautés résonnent différemment quand on les lit sur les lieux mêmes de leur envoi. Ce n’est plus une lecture théologique. C’est un dialogue d’homme à homme, de foi à foi, de vulnérabilité à courage.
Ce voyage, je l’ai vécu comme un passage. Un rituel silencieux de transformation. Il n’y a pas eu de grands événements. Mais dans le quotidien du marcheur, dans les gestes simples et les respirations partagées, j’ai senti une résonance profonde entre le dehors et le dedans.
Ce que je ramène de la Grèce, c’est peut-être cela : une manière nouvelle d’habiter mes questions, de goûter au mystère sans le forcer. D’accueillir les enseignements non comme des vérités à transmettre, mais comme des invitations à être.
C’est dans ce sens que mon séjour en Grèce n’était pas un voyage, mais une offrande. Une offrande que je reçois, et que je choisis maintenant de partager, pour celles et ceux qui, comme moi, avancent de question en silence, et de silence en confiance.
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