dimanche 13 juillet 2025

Sur les pas du philosophe itinérant : entre quête de sens et enracinement intérieur


 Ce surnom que m’avaient donné mes partenaires du Groupe Courage, le philosophe n’était pas anodin. Il portait en lui un reflet de mon propre cheminement intérieur. À leur contact, dans ces cercles d’écoute et d’authenticité, je me sentais reconnu non pas pour un savoir encyclopédique, mais pour une manière d’habiter les questions, d’oser le doute, d’ouvrir les mots comme des portes.

Je vivais alors une forme de nomadisme spirituel et existentiel. Avant de m’établir à Gatineau-Ottawa, j’étais ce marcheur des traversées, en quête d’un lieu d’enracinement, pas seulement une adresse, mais un paysage intérieur à retrouver dans la nature. Je rêvais de m’installer près de l’eau et des arbres, ces deux archétypes vivants de fluidité et de profondeur. Je cherchais une terre où le silence aurait le goût des feuilles et des pierres, un lieu d’accueil pour mes propres questions, un abri pour mes pratiques, un port pour mon feu intérieur.

C’est dans cette disposition intérieure que je découvre une proximité avec la figure de Saint Paul, lui aussi un marcheur infatigable, un homme de la Parole en déplacement. Non pas errant, mais envoyé. Non pas fixé, mais fécond dans ses allers-retours entre les communautés, les cultures, les langues. Comme les philosophes itinérants de la Grèce ancienne, Paul allait à la rencontre du monde avec une parole nue, vulnérable, mais portée par un souffle plus grand. Il incarnait une tension féconde entre enracinement et mouvement, entre fidélité à une voix intérieure et accueil de ce qui vient.

Aujourd’hui encore, je me reconnais dans ce double élan : marcher pour entendre, s’enraciner pour transmettre. Le philosophe que l’on nommait alors n’a pas disparu. Il s’est peut-être simplement rapproché de son propre rivage.

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