dimanche 3 août 2025

Réflexion matinale : Les astrologues du chiffre


Ce matin, je me suis surpris à penser que les statisticiens en chef et les vérificateurs généraux sont devenus les nouveaux astrologues de notre temps. Non pas ceux qui lisent les étoiles, mais ceux qui lisent les courbes. Ils ne scrutent pas le ciel mais les bases de données. Et pourtant… ce qu’on attend d’eux, c’est la même chose que l’on attendait des anciens devins : nous rassurer face à l’incertitude, prédire ce qui vient, et donner du sens à ce qui nous dépasse.


Dans une société où l’anxiété s’accroît, nous avons troqué la carte du ciel pour le tableau Excel. Mais la quête est restée la même : celle d’une vérité qui apaise. Alors on écoute leurs bulletins comme des oracles, on s’en remet à leurs diagnostics comme à des mantras. Et bien souvent, derrière leurs mots : efficacité, indicateurs et performance. je perçois un silence plus vaste : celui des voix qu’on n’entend pas, des visages qui ne rentrent pas dans les colonnes.


Et je me demande : Qui interroge les fondements de leurs croyances? Qui veille à ce que leur regard ne remplace pas notre responsabilité d’habiter pleinement le réel?


Car un chiffre peut dire beaucoup.  Mais il peut aussi masquer, aplanir, effacer. L’État, s’il veut demeurer humain, ne peut se contenter de chiffres pour guider ses choix. Il a besoin de présence, de sagesse incarnée, de récit, de lien. De celles et ceux qui écoutent ce que les indicateurs ne disent pas.


Et si nous redevenions, un peu, les astrologues de notre propre destinée? Non pour prédire, mais pour ressentir ce qui cherche à naître.

Aucun commentaire: