Je n’ai pas appris la communauté dans les livres.
Je l’ai apprise dans les frottements, les silences, les malentendus, les élans aussi. Je l’ai apprise là où mes certitudes ont été mises à l’épreuve, là où ma manière d’être ne suffisait plus.
Entrer en communauté, ce n’est pas additionner des individus. C’est accepter que quelque chose de plus grand que soi nous transforme. La communauté m’a appris à ralentir quand j’aurais voulu agir, à écouter quand j’aurais voulu répondre, à rester quand j’aurais préféré partir.
J’y ai découvert que mes automatismes ne sont pas neutres. Que ma manière d’occuper l’espace, de parler, de décider, révèle autant mes peurs que mes forces. La communauté devient alors un miroir. Non pas un miroir complaisant, mais un miroir vivant, parfois dérangeant, toujours révélateur.
Apprendre à être autrement, en communauté, c’est aussi désapprendre. Désapprendre la maîtrise, la performance, le contrôle. Apprendre la patience, l’ajustement, le consentement au rythme des autres. Apprendre que le lien précède souvent la solution.
La communauté ne guérit pas tout. Elle n’est ni refuge parfait ni idéal à atteindre. Mais elle enseigne quelque chose de précieux : je ne peux pas devenir pleinement moi-même sans apprendre à faire de la place à l’autre. Et l’autre, à son tour, m’apprend à habiter mes propres limites avec plus de douceur.
Aujourd’hui, je crois que la communauté est une école discrète. Une école sans programme fixe, où l’on apprend surtout par la présence, par l’échec partagé, par les recommencements. Une école où l’on apprend que le mieux-être n’est pas une performance individuelle, mais une qualité du lien que l’on cultive ensemble.
La communauté, pour moi, c’est cela : un lieu où l’on apprend, lentement, à être autrement.

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