Ce matin, je pense à ce bébé que j’ai été, réveillé la nuit, inconsolable quand tout le monde dormait. Est-ce que je pleurais parce que je ne me reconnaissais pas dans le rythme du jour? Est-ce que, sans le savoir, j’appelais déjà à être écouté autrement? Mes pleurs n’étaient peut-être pas un problème, mais une façon différente d’exister. Une manière de dire que certains naissent avec une sensibilité spéciale, à l’écoute de ce que les autres ne perçoivent pas encore. Peut-être qu’en moi, déjà, une veille intérieure était en train de naître.
Je pense aussi à ma mère, à sa fatigue, à l’amour qu’elle me donnait sans toujours savoir comment se reposer. Ce début de vie a sans doute laissé une trace. Une trace qui explique pourquoi, aujourd’hui, j’accompagne les gens avec attention et respect. Je ne cherche pas à effacer le passé, mais à en faire une force. Si je crée des cercles pour écouter, pour pleurer sans jugement, pour être ensemble dans le silence, c’est peut-être pour ça : pour honorer cet enfant du clair-obscur devenu adulte, veilleur, et bâtisseur de liens vrais.
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