jeudi 31 juillet 2025

Réflexion matinale : Le renard que je suis, le Petit Prince que je deviens

 


Depuis toujours, c’est au renard que je m’identifie. Celui qui attend patiemment, qui enseigne la lenteur, qui connaît le prix du lien parce qu’il en connaît la vulnérabilité. Le renard ne cherche pas à posséder, il apprend à apprivoiser. Il n’impose rien, il révèle par la fidélité du rendez-vous, par la force d’un silence partagé, par la beauté d’un geste répété. J’ai été ce renard dans tant de relations : me tenant à bonne distance, proposant un espace d’apprivoisement, laissant l’autre venir, libre. Le renard n’est pas le héros de l’histoire, mais il en est le passage sacré. C’est par lui que le Petit Prince comprendra qu’« on ne voit bien qu’avec le cœur ». Et peut-être qu’en moi, ce rôle d’éclaireur doux, d’enseignant du cœur, m’a longtemps suffi.

Mais ce matin, quelque chose change. Je me surprends à tendre l’oreille autrement, à entendre en moi la voix du Petit Prince. Celui qui part en quête. Celui qui pose des questions que personne n’ose poser. Celui qui s’émerveille, qui ne comprend pas toujours les règles absurdes du monde des adultes, et qui ose quand même aimer. Peut-être ai-je trop longtemps habité le rôle du renard pour éviter la tendresse risquée d’être le Petit Prince. Celui qui s’attache, qui pleure, qui poursuit une rose imparfaite mais unique. Et si, aujourd’hui, je me permettais d’être les deux? De garder la sagesse du renard, mais de redevenir celui qui part à la rencontre, qui nomme l’amour, qui ose dire : « Dessine-moi un mouton. » Peut-être que le plus grand apprivoisement, c’est de m’apprivoiser moi-même dans ce dialogue intérieur entre l’ancien veilleur et l’enfant lumineux.

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