samedi 20 décembre 2025

Rester humain dans des cadres imparfaits

 

Vous aurez à composer avec des cadres imparfaits.
Votre responsabilité sera d’y rester humains.

Cette phrase, je la porte souvent avec moi. Elle s’est façonnée au fil des années, au contact du terrain, des institutions, des projets, des grilles, des échéanciers, des exigences bien intentionnées… et parfois déconnectées du vivant.

Les cadres sont nécessaires. Ils organisent, sécurisent, rendent des comptes possibles. Mais aucun cadre n’est capable d’embrasser toute la complexité d’une vie humaine, d’une communauté, d’un parcours de proche aidance. Il y aura toujours un décalage entre ce qui est vécu et ce qui est mesuré.

C’est là que notre responsabilité commence.

Rester humain, ce n’est pas rejeter les cadres.
Ce n’est pas se placer en opposition.
C’est habiter l’espace entre la règle et la réalité avec conscience, discernement et présence.

Rester humain, c’est écouter quand le formulaire demande de cocher.
C’est ralentir quand l’échéancier presse.
C’est nommer ce qui ne se voit pas, même si aucun indicateur ne l’attend.
C’est accepter de ne pas tout maîtriser, mais de rester en lien.

Dans les milieux communautaires, dans l’accompagnement, dans l’enseignement, nous serons souvent appelés à faire ce travail invisible : traduire le vivant dans des cadres imparfaits sans le trahir complètement. Ce n’est pas un rôle confortable. Il demande une solidité intérieure, une éthique, et parfois le courage de dire : ça, on ne peut pas le réduire sans perdre l’essentiel.

Rester humain, c’est peut-être cela, au fond :
choisir la relation avant la performance,
la présence avant la conformité,
la dignité avant la rapidité.

Les cadres passeront.
Ce qui restera, ce sont les traces laissées dans les vies que nous aurons accompagnées et dans la nôtre.

Aucun commentaire: