lundi 4 novembre 2024

La transition silencieuse de l’aidant familial

"Aider un parent, c'est entrer doucement dans un rôle qui, bien souvent, ne dit pas son nom."

 Marquis Bureau

 


Dans ma pratique d’accompagnement des aidants, j’ai observé que soutenir un parent n’arrive pas en un instant; c’est une transition subtile qui prend forme au fil du temps. Elle débute souvent par de petits gestes : un rendez-vous médical pris en urgence, des courses effectuées pour alléger le quotidien, ou quelques factures réglées ici et là. Au début, ces gestes sont ponctuels, motivés par l’affection et l’entraide naturelle. Mais, peu à peu, ils se multiplient, s’intègrent dans le quotidien et deviennent des habitudes. Un aidant m’a confié : "Tout a commencé par des coups de main par-ci, par-là, et avant de m’en rendre compte, je m’occupais de tous les aspects de sa vie quotidienne." Cette transition, discrète mais puissante, transforme l’aidant sans même qu’il en prenne pleinement conscience.

Au fur et à mesure, cette aide devient une véritable responsabilité. L’aidant, maintenant impliqué dans tous les aspects de la vie de son parent, assume un rôle qui le touche profondément, émotionnellement et psychologiquement. Il navigue entre son propre quotidien et celui de son parent, jonglant avec une charge de travail accrue, tout en étant confronté à des émotions de vulnérabilité et d’acceptation. Cette transition, bien qu’exigeante, se fait souvent en silence, sans éclat ni reconnaissance immédiate. Elle révèle pourtant une force et une résilience remarquables, un engagement profond qui se renforce au fil du temps. L’accompagnement d’un parent, c’est aussi redécouvrir des liens familiaux et explorer de nouveaux chemins de bienveillance, de respect et d’amour.

Ainsi, être aidant familial n’est pas simplement un rôle; c’est une transformation silencieuse qui exige une attention bienveillante, un engagement continu, et une humanité renouvelée chaque jour.

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