« Parler avec seulement des certitudes, c’est confondre la communication avec la relation. » – Marquis Bureau
Cette conviction guide mon approche et reflète profondément ce que je ressens lorsque je suis confronté à des propos empreints de certitudes. Ces moments me bousculent, non pas parce que je suis en désaccord avec ce qui est dit, mais parce que je perçois une fermeture, une rigidité qui étouffe le potentiel d’un échange véritable.
Pour moi, la communication ne se limite pas à transmettre des idées ou à affirmer des vérités. Elle est avant tout une ouverture, un espace où l’on se rencontre, où les doutes et les questionnements trouvent leur place. Lorsque quelqu’un parle avec des certitudes absolues, j’ai l’impression que cet espace se referme. C’est comme si une porte se claquait, empêchant tout dialogue, toute résonance, et réduisant ainsi la richesse de la relation humaine.
J’ai vécu cette semaine une situation qui illustre bien cette distinction entre communication et relation. Lors d’une réunion intersectorielle avec une majorité de personnes formées en travail social, les échanges étaient essentiellement axés sur des faits, des directives et des solutions pratiques à appliquer rapidement. Chaque intervenant semblait s’assurer de « communiquer » efficacement sa position et son expertise, mais il y avait peu d’écoute réelle, peu d’attention aux émotions ou aux dynamiques humaines qui se jouaient. Tout était clair et ordonné, mais quelque chose manquait.
Quelques jours plus tard, dans le monde communautaire de la proche aidance, j’ai participé à un cercle avec des proches aidants. Là, tout était différent. Les participants partageaient leurs expériences avec une authenticité désarmante. Il ne s’agissait pas de trouver des solutions immédiates ou d’atteindre des résultats mesurables, mais de créer un moment où chacun osait se déposer et être vulnérable. Ce n’était pas une communication fonctionnelle, mais une véritable relation qui se construisait, un espace de courage où les mots portaient le poids des vécus et où la résonance prenait vie. Cette expérience m’a rappelé combien le monde communautaire, symbolisé par le cercle, valorise avant tout la relation humaine, là où le travail social institutionnalisé, souvent structuré comme le triangle ou la pyramide, tend à privilégier une communication hiérarchisée et parfois rigide.
Ces contrastes me touchent profondément. Ils éveillent en moi une forme de tristesse, parfois même une douleur subtile. Je ressens cette violence, non pas comme une attaque personnelle, mais comme une rupture de ce lien fragile et précieux qui peut exister entre deux personnes lorsqu’elles osent être vulnérables ensemble. Pourtant, j’essaie d’accueillir ces certitudes avec patience et empathie. Je sais qu’elles sont souvent le reflet d’une peur, d’une blessure ou d’un besoin de contrôle face à l’incertitude.
Ce qui m’aide à naviguer ces situations, c’est mon engagement envers mes valeurs : écouter sans jugement, créer un espace de courage où l’autre peut se déposer pleinement, et cultiver cette présence qui permet de laisser place au doute. Je crois profondément que c’est dans l’incertitude que nous trouvons notre humanité, et c’est dans la relation – bien plus que dans la simple communication – que nous construisons quelque chose de durable, d’authentique et de transformateur.
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