vendredi 25 avril 2025

De la santé au soin : un déplacement essentiel

 

Il me semble ce matin que nous avons, collectivement, pris l’habitude de penser la santé en termes de systèmes, de diagnostics, de services à offrir ou à rendre accessibles. Nous parlons du droit à la santé comme d’un horizon politique, et c’est juste, c’est nécessaire.

Mais quelque chose d’essentiel se perd dans cette manière de dire : l’expérience humaine du soin.

La santé est un idéal ; elle fluctue, elle échappe, elle ne se garantit pas. Le soin, lui, est un acte vivant, présent, immédiat. Il ne dépend pas seulement d’institutions ou de politiques publiques : il est tissé de gestes, d’écoutes, de présences partagées.

Je ressens profondément que nous avons besoin de déplacer notre regard :

  • De la performance de la santé vers la profondeur du soin.

  • De l’état médical vers l'état relationnel.

  • De la revendication pour des droits techniques vers la revendication d'une dignité vécue dans la fragilité.

Penser le droit à la santé comme un droit au soin, ce n’est pas renier les systèmes ; c’est leur redonner un sens. C’est rappeler que l’être humain n’est pas un problème à corriger, mais une histoire vivante à accompagner.

Ce déplacement est subtil mais révolutionnaire : il exige que nous reconnaissions la vulnérabilité comme une dimension constitutive de la condition humaine, non comme une anomalie à éradiquer.

Je rêve d’un monde où la question ne serait plus seulement :
« Comment soigner ? »
Mais aussi :
« Comment accompagner avec respect, présence et tendresse ceux qui traversent leurs passages difficiles ? »

C’est là, je crois, que bat le cœur d’une véritable justice sociale.

Et c’est peut-être là aussi que commence la guérison de nos sociétés : dans le soin des liens, dans l’attention portée à ce qui est vivant, fragile, et pourtant infiniment précieux.

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