lundi 28 juillet 2025

Réflexion matinale : Le temps colonisé

 

Ce matin, je me suis réveillé avec une sensation étrange : celle de n’avoir jamais tout à fait quitté le mouvement. Comme si la nuit elle-même avait été traversée de tâches inachevées, d’attentes suspendues, de projets encore en train de courir. Mon corps était au repos, mais mon esprit poursuivait la cadence imposée.

Il fut un temps où les matins me laissaient dériver. J’aimais m’attarder dans ce flou, cet entre-deux qui précède l’agir. Ce temps poreux où l’intuition s’éveille, où une idée, un souvenir ou un souffle intérieur peuvent surgir sans être convoqués. Aujourd’hui, ce temps semble en voie de disparition. Subtilement, insidieusement, il s’est fait coloniser.

Le calendrier me précède. Les courriels m’attendent. Mon téléphone s’impatiente. Le « temps d’agir » a pris le dessus, avec son langage comptable et sa logique d’utilité. Ce n’est plus le temps qui s’écoule, c’est moi qui m’y coule, m’y dissous. Mon intériorité devient périphérie.

Et pourtant, c’est dans ces instants de silence, d’errance, de rêverie que mes pensées les plus fécondes prennent forme. C’est dans le non-agir que naît parfois la plus juste des actions. Douter, flâner, me laisser traverser, ces gestes-là ne sont pas improductifs. Ils sont le terreau de tout ce qui peut être habité de sens.

Alors, ce matin, je décide de résister. Juste un instant. De ne pas presser le pas. De me réapproprier ce temps intérieur, non pas comme un luxe, mais comme un droit vital. Car c’est là, dans cette lenteur assumée, que je retrouve la source de ce que j’ai à offrir.

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