jeudi 25 décembre 2025

La naissance silencieuse


Le matin de Noël se leva doucement sur le village. La neige avait cessé de tomber durant la nuit et tout semblait immobile, comme retenu dans un souffle. Le ciel pâle annonçait le jour, et une lumière fragile glissait entre les arbres chargés de blanc. On n’entendait presque rien, sinon le craquement discret du froid.

Au bord du village, une petite maison de bois se tenait éveillée. À l’intérieur, un feu brûlait encore. Pas un grand feu éclatant, mais une chaleur stable, fidèle, entretenue avec soin. La veille au soir, son habitant s’était arrêté pour la première fois depuis longtemps. Il n’avait rien réparé, rien organisé. Il avait simplement pris le temps d’être là.

En regardant les flammes danser au matin de Noël, il comprit ce qui lui avait échappé. Toute l’année, il avait pris soin des autres, répondu aux demandes, avancé sans pause. Il croyait que c’était cela, vivre. Il n’avait pas vu que, pendant ce temps, il se laissait lui-même dans le froid.

Ce matin-là, quelque chose était différent. Il ne ressentait plus l’urgence. Il sentait une présence calme, comme si un lien ancien venait d’être renoué. Le feu que l'on entretient ne symbolisait plus seulement la maison. Il reflétait ce qui brûlait à nouveau en lui.

Quand il ouvrit la porte, l’air froid le saisit, mais il n’en eut pas peur. Il marcha vers le village, prêt à rejoindre les autres, non plus par devoir, mais par choix. Il savait désormais reconnaître quand son feu intérieur avait besoin d’attention.

Depuis ce matin de Noël, on raconte que la plus grande naissance ne se voit pas toujours. Elle se produit quand quelqu’un apprend à prendre soin de sa propre lumière, afin de pouvoir la partager sans s’éteindre.

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