Ce matin, en regardant la flamme danser dans le foyer, une question s’est invitée en moi : qu’éclaire-t-on quand on allume le feu ? Et surtout, quel feu choisit-on d’allumer ?
Il y a le feu qui brûle, celui qui éclate, qui veut dire vrai sans détour, qui consume les illusions comme les fragilités. Il éclaire, certes, mais au prix parfois de ce qui ne peut pas encore se dire ou se tenir en lumière. Dans nos relations, ce feu devient celui de la parole tranchante, de la lucidité sans tendresse, de l’intelligence qui veut tout comprendre avant d’avoir écouté.
Et puis il y a le feu qui réchauffe, le feu du foyer, celui autour duquel on se rassemble. Il éclaire lui aussi, mais avec une douceur habitée, une lumière qui ne blesse pas. Son éclat est moins pressant, mais sa chaleur pénètre en profondeur. Il ne cherche pas à imposer une vérité, il accompagne un chemin. Il laisse la transformation émerger à son rythme, sans violence.
Dans nos pratiques d’écoute, d’enseignement ou de leadership, nous avons ce choix intime : voulons-nous brûler ou réchauffer ? Faire parler la lumière ou laisser la chaleur faire son œuvre ?
Éclairer avec un feu qui réchauffe, c’est croire que ce qui se passe à l’intérieur de l’autre est aussi précieux que ce que nous pouvons lui apporter. C’est exercer une présence qui enveloppe les blessures au lieu de les exposer. C’est préférer la lenteur de la confiance à la précipitation de la réponse.
Ce matin, je choisis d’allumer un feu qui rassemble. Un feu qui invite. Un feu qui crée un espace de présence où le courage peut naître, sans être forcé. Un feu qui réchauffe les mains tendues et éclaire juste assez pour que le chemin se révèle, pas à pas.

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