jeudi 24 avril 2025

Le paradoxe de la personne accompagnante

 

Réflexion sur une posture habitée

Il y a, au cœur de l’accompagnement, un paradoxe silencieux. Celui d’une personne qui se tient présente pour l’autre, tout en sachant qu’elle ne peut ni sauver, ni diriger, ni maîtriser le chemin de celle ou celui qu’elle accompagne.

Être accompagnant, ce n’est pas avoir les réponses. C’est souvent accepter de ne pas en avoir. Ce n’est pas précéder l’autre, mais marcher à ses côtés, parfois un pas derrière, parfois un pas devant, mais toujours à l’écoute du rythme singulier de l’âme qui se dévoile.

Le paradoxe est là : comment guider sans imposer? Comment éclairer sans éblouir? Comment offrir sa présence sans devenir l’ombre portée du chemin de l’autre?

L’accompagnant est à la fois solide et vulnérable, enraciné dans ses expériences, mais disponible à se laisser surprendre. Il ou elle apprend à tenir l’espace sans le remplir, à soutenir sans diriger, à offrir un regard sans jugement tout en restant fidèle à son propre axe.

Il ou elle sait que l’autre porte en lui-même les ressources, les intuitions, les blessures à nommer et les sagesses à découvrir. L’accompagnant n’est qu’un miroir vivant, parfois flou, parfois limpide, mais toujours traversé par une tension féconde entre implication et détachement, entre compassion et clarté.

Et c’est là que le paradoxe devient fécond : plus la personne accompagnante apprend à se rencontrer elle-même dans ses limites, ses élans, ses propres zones d’ombre plus elle devient apte à rencontrer l’autre, vraiment.

Dans cette posture, l’accompagnement cesse d’être un rôle pour devenir un lien : un lieu de co-présence, un espace de résonance où l’on se découvre humains ensemble, non pas malgré nos failles, mais à travers elles.

Être accompagnant, c’est peut-être cela : oser être un témoin engagé de la traversée de l’autre, tout en habitant humblement sa propre traversée.

mercredi 23 avril 2025

Tracer un chemin de présence

 

Il m’arrive encore, certains matins, de chercher des réponses comme s’il existait quelque part une carte bien tracée, capable de me protéger des incertitudes. Mais la vie, fidèle à sa nature, me rappelle une vérité plus subtile : ce n’est pas tant ce que je sais qui éclaire mon chemin, mais ce que je choisis d’incarner.

Je ne viens pas seulement avec des idées. Je marche avec une intention : celle de tracer un chemin de présence. Un chemin parfois discret, parfois fragile, mais toujours habité. Ce n’est pas l’accumulation de réponses toutes faites qui compte, mais les manières d’être que je décide, jour après jour, de nourrir.

Les idées peuvent éclairer. Mais seules les manières d’être transforment. Il ne suffit pas d’avoir raison. Encore faut-il marcher avec justesse, écouter avec douceur, poser des gestes ancrés dans une forme de cohérence intérieure. Être là pleinement dans la relation, dans l’instant, dans ce qui se vit.

Ce matin, je me rappelle que ma présence est un choix. Que chaque parole, chaque silence, chaque regard peut devenir une offrande. Non pour convaincre, mais pour relier. Pour faire surgir, au cœur de l’ordinaire, une manière d’habiter le monde plus vraie, plus vivante.

Et si aujourd’hui, je n’avais pas à tout comprendre, mais simplement à habiter pleinement ce que mon cœur sait déjà?

mardi 22 avril 2025

Un autre regard sur le même souvenir

 


Il y a des événements que je ne pourrai jamais effacer.
Des mots entendus trop tôt, des silences trop longs, des absences qui ont laissé leur empreinte. Des histoires qui m’ont traversé sans que j’aie pu en choisir le scénario.

Mais même si je ne peux pas changer ce qui s’est passé,
je peux encore choisir comment je le raconte,
et surtout, d’où je le raconte.

Je peux quitter le lieu blessé d’où ma parole se répétait.
Je peux revisiter le passé avec un regard plus large,
un regard forgé par le temps, par les passages, par la croissance.

Je peux dire autrement.
Non pour nier, mais pour réinscrire ce vécu dans une trame plus vaste, plus libre.

Et parfois, cela suffit.
Pour cesser d’être prisonnier d’un récit subi,
et devenir auteur de ma propre traversée.

lundi 21 avril 2025

Sans toi, je deviens personne.

Je sens à quel point ma présence au monde se façonne dans la rencontre. Ce n’est pas dans l’isolement que je me découvre, mais dans la tension douce ou rugueuse du lien. C’est l’altérité, ton regard, ton mystère, ta différence  qui me donne forme. Tu me rappelles que je ne suis pas un îlot fermé sur lui-même, mais un être en devenir, modelé par les échanges, les miroirs, les silences partagés.

Sans l’autre, je reste flou, sans contour.
C’est par la relation que je me tiens debout, que je me reconnais vivant.

Et ce matin, j’accueille ce paradoxe :
pour devenir pleinement moi, j’ai besoin de toi.

dimanche 20 avril 2025

Joyeuses Pâques à vous toutes et tous!

 


En ce temps de passage et de lumière retrouvée, je vous souhaite de pouvoir habiter l’espérance, non pas comme une certitude, mais comme une fidélité silencieuse à ce qui veut naître en vous.

Que cette Pâques soit l’occasion de vous déposer, de respirer plus doucement, et peut-être de reconnaître au détour d’un regard, d’un geste ou d’un silence que la vie sait renaître là même où l’on croyait tout perdu.

Comme l’eau de Pâques que l’on recueille à l’aube pour ses vertus de renouveau, puissiez-vous accueillir ce qui purifie, ce qui allège, ce qui bénit silencieusement votre chemin.

Merci de votre présence, de votre confiance, et de ce que chacun.e de vous fait vivre dans cet espace partagé. Que la tendresse, la paix intérieure et la résonance du vivant vous accompagnent.

samedi 19 avril 2025

L’intimité du seuil

 

Le samedi Saint est ce jour suspendu entre la déchirure du vendredi et l’espérance du dimanche, un espace vide où rien ne semble se passer et pourtant tout s’approfondit. Il nous enseigne à habiter l’absence, à rester présents même quand le silence est lourd, quand les repères se dissolvent et que les mots ne consolent plus. C’est le jour des veilles intérieures, des gestes retenus, de la patience profonde. Dans cet entre-deux, il n’y a ni miracle ni réponse, seulement une invitation à demeurer fidèle à ce qui ne se voit pas encore. Pour celles et ceux qui accompagnent dans l’ombre, qui espèrent sans preuve, qui tiennent le fil fragile du vivant, le samedi Saint révèle une sagesse cachée : ne pas précipiter la lumière, ne pas fuir la nuit, mais apprendre à faire confiance au mystère des passages.

vendredi 18 avril 2025

Rester humain dans la nuit

Le Vendredi saint me plonge dans un silence habité, un de ces silences qui ne cherchent ni à comprendre ni à expliquer, mais à traverser avec lenteur ce qui ne peut être évité. Ce n’est pas un jour de réponse, c’est un jour de dépouillement. 

 


Ce jour-là, il n’y a ni miracle ni victoire, seulement l'abandon lucide d’un homme qui aime jusqu’au bout, sans promesse de retour. C’est peut-être là que commence la vraie foi : non pas celle qui affirme, mais celle qui consent à ne pas fuir la nuit. Le Vendredi saint me rappelle ces passages intérieurs que nul ne peut vivre à ma place, ces lieux où je dois rester fidèle à ce qui m’habite, même quand tout semble s’effondrer. Et c’est dans cette obscurité traversée, non dans son évitement, que naît la possibilité d’un souffle nouveau, non pas une résurrection qui efface la croix, mais une lumière qui s’ouvre précisément parce qu’on n’a pas trahi la nuit.

jeudi 17 avril 2025

Jeudi saint – Là où le sacré descend au ras du sol

 

Ce jour-là, dans le récit, on lave les pieds.
Pas la tête. Pas le cœur. Pas l’âme.
Les pieds.
Ce qui a marché. Ce qui a porté. Ce qui a tremblé.


Il y a dans ce geste un enseignement profond sur l’accompagnement :
ne pas chercher à purifier les autres de ce qu’ils sont,
mais honorer humblement là où ils ont marché.

mercredi 16 avril 2025

J’habite enfin mon propre feu…

Il m’aura fallu du temps.
Longtemps, j’ai cru qu’il fallait briller.
Être à la hauteur.
Être utile.
Être reconnu.
Être fort.
Être celui qu’on attend.

J’ai porté des feux qui n’étaient pas les miens.
Des feux d’emprunt.
Des feux hérités.
Des feux qu’il fallait entretenir pour faire plaisir, pour rassurer, pour exister.


Mais mon vrai feu, lui…

il attendait.
Il me regardait vivre à côté de moi-même.

Il n’était ni spectaculaire, ni flamboyant.
Il n’était pas fait pour éclairer la foule.
Il était petit, modeste et silencieux.

Un feu de présence plus qu’un feu de performance.

Un feu qui ne se voit pas toujours de loin.
Mais qu’on reconnaît, quand on s’en approche.

Un feu qui réchauffe, sans brûler.
Qui éclaire, sans aveugler.
Qui accompagne, sans imposer.

Aujourd’hui, j’habite enfin mon propre feu.

Je n’ai plus besoin de le défendre.
Je n’ai plus besoin de le justifier.
Je n’ai plus besoin de prouver qu’il est assez grand, assez beau, assez utile.

J’habite ce feu-là comme on habite un lieu intérieur.
Avec tendresse.
Avec patience.
Avec humilité.

Et peut-être que c’est ça, vieillir autrement.
Non pas accumuler des rôles.
Mais déposer les armures.

Non pas briller plus fort.
Mais brûler plus juste.

J’habite enfin mon propre feu…
et c’est assez
.

mardi 15 avril 2025

Là où l’engagement prend racine

 

Je repense souvent à cette phrase toute simple :
« Les gens s’engagent là où ils se sentent libres, capables et accueillis. »

Et je me demande…
Combien d’espaces fréquentons-nous chaque semaine où l’on se sent vraiment libre?
Où l’on se sent vu non pas seulement pour ce qu’on donne, mais pour qui l’on est?
Où l’on se sent assez en sécurité pour oser être soi, maladroit parfois, authentique toujours?

Au fond, ce n’est pas seulement vrai pour les bénévoles.
C’est vrai pour les amitiés.
C’est vrai pour les équipes de travail.
C’est vrai pour les familles.
C’est vrai pour les groupes, les communautés, les organismes.

Là où je me sens libre… je respire mieux.
Là où je me sens capable… je me déploie.
Là où je me sens accueilli… je m’enracine.

Peut-être que notre vrai travail dans nos milieux de vie, dans nos pratiques d’accompagnement, dans nos engagements communautaires c’est moins de recruter des gens que de préparer des lieux où les gens auront envie naturellement de revenir.

Des lieux où on se sent libre de dire oui.
Libre de dire non.
Libre de prendre une pause.
Libre d’essayer.
Libre de grandir.

Parce que c’est là, précisément là, que l’engagement devient vivant.

lundi 14 avril 2025

Là où le sucre devient mémoire

 Il y a des lieux où le temps ralentit.

Des lieux où l’on ne va pas seulement pour manger, mais pour se souvenir.

La cabane à sucre, c’est un de ces lieux-là.

Ce n’est pas seulement une tradition. C’est un passage. Une mémoire vivante. Un rituel sans le dire.

En marchant vers la cabane, je pense à celles et ceux qui m’ont précédé. Des ancêtres de bois, de sucre, de feu et de patience. Des gens simples, habiles, travaillants. Ceux et celles qui savaient attendre que la sève monte. Qui savaient lire les signes de la nature mieux que les livres.


Dans l’odeur du sirop qui bout, dans le crépitement du feu, dans les éclats de rire autour des longues tables, quelque chose de profond se réveille en moi : un sentiment d’appartenance ancienne. Un lien invisible mais tenace.

À la cabane, on ne mange pas juste du sucre…
On goûte à nos racines.
On célèbre les gestes transmis.
On honore la lenteur, le rassemblement, la joie partagée sans artifice.

Et je me dis que c’est peut-être ça, vieillir autrement :
Savoir où sont ses racines.
Savoir d’où vient la douceur.
Savoir que les gestes les plus simples sont souvent les plus sacrés.

dimanche 13 avril 2025

Là où les liens deviennent renaissances



La semaine avant Pâques, pour moi, ressemble souvent à une traversée discrète. Une semaine faite de présences simples, d’espaces d’écoute, de gestes posés lentement. Une semaine où, presque sans l’avoir cherché, je me retrouve à accompagner des passages de vie.
Prendre soin des personnes aînées et des proches aidants à Buckingham. Imaginer, avec l’équipe de Connexions, un programme de mentorat communautaire pour soutenir celles et ceux qui soutiennent. Écouter les sages d’Entraide Deuil de l’Outaouais parler du deuil, mais aussi du vivant. Réfléchir, avec d’autres, au vieillissement, à l’âgisme, à l’inclusion, au vivre-ensemble. Coanimer un cercle d’écoute dans un petit village du Pontiac, là où les liens humains se tissent encore à partir des gestes les plus simples et des présences les plus vraies.
Cette semaine avant Pâques me rappelle que la vie est faite de passages. De seuils. De transformations. Et que nos liens quand on prend le temps d’en prendre soin deviennent les vrais lieux de renaissance.

Prendre soin de nos liens avant qu’ils se figent

 

On prend soin de son corps, de sa maison, de ses objets… mais prenons-nous vraiment soin de nos liens? L’hygiène relationnelle est un art discret mais essentiel : celui de ne pas laisser les petites blessures, les malentendus ou les non-dits s’accumuler entre nous. Comme on aère une pièce pour mieux respirer, on peut aussi aérer nos liens, les alléger, les assouplir. Il ne s’agit pas de tout dire n’importe comment, ni de confronter brutalement, mais d’oser revenir vers l’autre, avec simplicité, et dire : « J’aimerais qu’on se parle, pour que ça circule mieux entre nous » ou encore « Je porte un inconfort, et je préfère te le partager plutôt que de le laisser s’installer. »

Parfois, un des gestes les plus humbles et les plus puissants de cette hygiène relationnelle est simplement d’oser demander pardon. Demander pardon, non pas pour s’effacer ni pour se culpabiliser, mais pour reconnaître qu’un geste, une parole ou un oubli a pu blesser. Demander pardon, c’est rouvrir un passage là où un mur avait commencé à se lever. C’est redonner au lien un espace pour respirer, se réajuster, se remettre en mouvement.

Prendre soin des liens, c’est un travail invisible, humble, vivant. C’est apprendre à retisser avant que ça casse, à assouplir avant que ça durcisse, à garder le cœur ouvert là où, spontanément, tout en nous aurait envie de se refermer.

samedi 12 avril 2025

Le Cercle de Pardon : Un espace pour alléger le cœur et réapprendre à marcher libre

 

Animer un Cercle de Pardon, pour moi, c’est offrir un espace rare et précieux : un espace simple, respectueux et sécurisant, où chacune et chacun peut venir déposer un fardeau invisible, une blessure ancienne ou un poids intérieur qui empêche d’avancer librement.

J’ai découvert les Cercles de Pardon comme on découvre un chemin qui fait du bien au cœur et à l’âme. Un chemin qui ne cherche pas à convaincre ni à forcer, mais qui invite doucement à se libérer de ce qui alourdit, à son propre rythme, sans pression ni obligation.

Créés en 2012 par Olivier Clerc, auteur et formateur, les Cercles de Pardon ont vu le jour dans un esprit non lucratif. Inspiré par ses propres expériences de transformation et de pardon, Olivier Clerc a souhaité rendre accessible au plus grand nombre cette démarche simple, universelle et profondément humaine. Depuis, des centaines de Cercles de Pardon sont animés à travers le monde, portés par l’Association Pardon International, dont je suis fier d’être membre.

Je fais également partie de la Commission de formation de cette association, un espace de partage et de co-création entre les animateurs et animatrices engagés à faire vivre cette pratique avec respect, bienveillance et authenticité.

Dans ce cadre, ma prochaine animation d’un Cercle de Pardon aura lieu le vendredi 30 mai 2025, à Gatineau, de 19 h à 21 h, à l’Espace Dep Sylvestre, situé au 230, rue Montcalm, Gatineau.

Ce Cercle est ouvert à toute personne qui ressent l’appel de vivre un temps de pardon, non pas pour oublier ou effacer le passé mais pour alléger le cœur, retrouver la paix intérieure et se réconcilier, d’abord avec soi-même… et parfois avec l’autre.

Les places sont limitées et l’inscription est obligatoire.

Pour vous inscrire ou en savoir plus : marquis.bureau@gmail.com

jeudi 10 avril 2025

Quand la connaissance et la croyance entrent en compétition

 


Il m’arrive souvent de constater, dans les groupes que j’accompagne ou les espaces d’enseignement que j’habite, une tension discrète mais profonde : celle qui oppose, parfois sans le dire, la connaissance et la croyance.

La connaissance cherche à expliquer, à démontrer, à prouver.
La croyance, elle, cherche à relier, à rassembler, à donner sens.

L’une s’appuie sur des faits, des preuves, des études.
L’autre prend racine dans les récits, les traditions, les fidélités invisibles.

Et souvent, ces deux langages entrent en compétition.

Pas parce que l’un est vrai et l’autre faux.
Mais parce qu’ils répondent à des besoins différents.

La connaissance nourrit l’esprit.
La croyance nourrit l’appartenance.

Le défi apparaît lorsque ce que l’on sait vient fragiliser ce en quoi l’on croit…
Ou lorsque ce que l’on croit empêche d’accueillir un savoir nouveau.

Alors, la question n’est peut-être pas : Qui a raison ?
La vraie question devient : Comment faire dialoguer ces deux langages intérieurs sans les opposer ?

Créer un espace où la connaissance se fait humble, consciente de ses limites.
Créer un espace où la croyance devient vivante, capable de se questionner sans se renier.

Quand la connaissance cesse de vouloir triompher,
et que la croyance cesse d’avoir peur de changer,
alors peut émerger un espace plus vaste : celui de l’écoute,
celui du dialogue,
celui où l’on apprend tout autant à savoir qu’à désapprendre,
tout autant à affirmer qu’à douter,
tout autant à penser qu’à relier.

Là, quelque chose de plus grand devient possible.

mercredi 9 avril 2025

Quand les rêves tracent le chemin

 

Quand j’étais enfant, je ne savais pas ce que voulait dire le mot “vocation”.

Mais je connaissais très bien le silence des après-midi d’hiver, les fenêtres embuées, les histoires inventées dans ma tête pour habiter les longues heures.

J’ai beaucoup rêvé, vraiment beaucoup.
Et ces rêves, parfois flous, parfois très précis, ont donné naissance à une créativité particulière.
C’était ma façon d’exister un peu plus loin que ce qu’on me proposait.
D’imaginer ce qui pourrait être autrement, ce qui n’avait pas encore été dit, ni vu, ni espéré.

Je ne pensais pas que ces jeux d’enfant allaient un jour devenir des manières d’écouter, de relier, d’accompagner.

Mais avec le temps, je vois bien que c’était déjà là.
La vocation ne m’est pas tombée dessus à l’université, ni pendant une conférence inspirante.
Elle vivait dans l’enfant que j’étais, dans sa capacité à rêver malgré l’ordinaire, à ressentir fort, à poser des questions qu’on trouvait trop grandes pour son âge.

Aujourd’hui encore, quand je me tiens devant un groupe, quand j’écoute une personne parler de ce qu’elle porte, ou quand j’écris un texte pour mieux comprendre ce que je vis,
je sais que je ne fais que prolonger ce mouvement intérieur,
celui qui a commencé dans le secret de mon enfance,
là où les rêves m’ont appris à croire en quelque chose de plus vaste,
et où la tendresse du monde avait encore besoin d’être inventée.

Les fantômes de la proche aidance

 

Ils ne se montrent pas toujours au grand jour.

Ils marchent à pas feutrés dans les corridors de nos journées trop pleines.
On les devine dans un soupir retenu, un regard fuyant, une tasse de thé refroidie, oubliée sur le comptoir.

Ce sont les fantômes de la proche aidance.

Ils portent des noms que l’on murmure à peine :
épuisementculpabilitésolitude consentiecolère inavouéeamour usé jusqu’à la trame.
Parfois, ce sont des fragments de nous-mêmes, égarés quelque part entre “avant” et “maintenant”.
Parfois, ce sont des mots qu’on n’a jamais osé dire par loyauté, par pudeur, ou par peur de décevoir.

Ces fantômes ne cherchent pas à nuire.
Ils ne réclament pas vengeance.
Ils attendent simplement d’être vus, entendus, reconnus.
Car ils habitent les zones d’ombre du don de soi 
là où la lumière du quotidien ne va pas toujours.

Et pourtant…

Chaque fois qu’on ose les nommer,
Chaque fois qu’on se permet une larme, un rire, ou une pause sans se justifier,
Ils s’allègent.
Ils laissent place à autre chose :
une tendresse nouvelle envers soi-même,
un souffle plus doux,
une reconnaissance du chemin traversé, sans masque ni perfection.

Dans les cercles d’écoute, les groupes de parole, ou simplement dans un silence partagé,
ces fantômes trouvent parfois la paix.
Et avec eux, nous aussi.

mardi 8 avril 2025

Une collaboration interinstitutionnelle

Aujourd’hui, j’ai le privilège de coanimer un cours sur la proche aidance à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), en collaboration avec une collègue du CISSS de l’Outaouais. Cette activité se déroule dans le cadre d’un cours portant sur le vieillissement, offert aux étudiantes et étudiants du programme en sciences infirmières. C’est une belle occasion de sensibiliser la relève en santé à la réalité souvent invisible, mais profondément humaine, des personnes proches aidantes, tout en favorisant un dialogue entre les savoirs cliniques, communautaires et expérientiels. Cette collaboration interinstitutionnelle reflète l’importance d’un regard intégré sur l’accompagnement des aînés dans notre région.



Si je dois choisir entre deux options, je choisis la troisième.

Souvent, lorsqu’on me propose deux choix, j’ai cette impression subtile qu’aucun des deux ne me ressemble vraiment.

J’ai appris à reconnaître ce moment de tension intérieure où l’on me presse de décider rapidement, de trancher, de me positionner. Et dans ce silence, quelque chose en moi résiste non pas par peur, mais par fidélité à ce qui n’est pas encore tout à fait clair. À ce qui cherche à émerger autrement.

La troisième option, c’est celle qui ne s’impose pas, mais qui émerge.
C’est un sentier discret, un pressentiment doux.
Parfois, c’est un “je ne sais pas encore”, ou un “laissons cela mûrir”.
Ce n’est ni un compromis, ni un refus, c’est une manière de demeurer fidèle à mon propre rythme, à mon intégrité intérieure.

Choisir la troisième voie, pour moi, c’est refuser de me laisser entraîner par l’urgence ou l’habitude.
C’est faire de la place pour l’inattendu, l’essentiel, ce qui résonne profondément même si cela déroute.
C’est honorer la complexité du vivant en moi, et accueillir la réponse qui surgit de l’écoute patiente.

Je ne cherche pas à compliquer les choses.
Je cherche simplement à ne pas me perdre dans des choix trop étroits pour contenir ce que je deviens.

lundi 7 avril 2025

Habiter le monde sans blesser

 

Pourquoi la non-violence est au cœur de mes enseignements ?

Lorsqu’on prend réellement la mesure du coût de la violence qu’elle soit brutale ou insidieuse on devient moins enclin à la justifier dans l’espace social.
Choisir la non-violence, ce n’est pas fuir le conflit : c’est y entrer avec courage et lucidité.
C’est préférer la clarté à la domination, l’écoute au jugement, et le lien à la rupture.
C’est une manière de se tenir debout, sans blesser.


Ce que le Nord m’a appris

Quand j’étais jeune, j’ai grandi en Abitibi et dans le Nord de l’Ontario.
Ce sont des régions où les hivers sont longs, le froid intense, et où la vie demande souvent plus d’efforts. Mais c’est justement dans ces conditions que j’ai appris des choses importantes sur la vie… et sur moi-même.

Là-bas, on ne te demande pas si tu es prêt. On apprend en faisant.
Parfois, on réussit, parfois, on tombe. Mais on se relève, et on continue.
On comprend vite que l’échec fait partie du chemin.

C’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai moins peur de prendre des risques. Moins peur d’agir, même quand je ne suis pas certain du résultat.
J’ai compris qu’il vaut mieux essayer que rester figé.

Le Nord m’a aussi appris à ne pas me laisser impressionner par les apparences. Ce qui compte, c’est d’être solide à l’intérieur.
D’être vrai.

Grâce à cette enfance-là, je suis devenu quelqu’un qui ose.

Pas pour être le meilleur, mais pour avancer avec confiance, même dans l’inconnu. 

dimanche 6 avril 2025

Voir ne suffit pas

Ils voient et entendent les autres sur leur passage, mais ils ne les regardent pas, ils ne les écoutent pas.

Il existe une différence profonde entre croiser et rencontrer, entre percevoir et être réellement présent.

On peut voir sans vraiment regarder. On peut entendre sans vraiment écouter.
Dans le flot de nos journées, tant de visages défilent, tant de voix résonnent…
Mais combien d’entre eux reçoivent véritablement notre attention ?

Aujourd’hui, je choisis de ralentir le pas et d’ouvrir le cœur.
Je choisis d’offrir à chaque présence la possibilité d’exister pleinement, même brièvement.

Car parfois, un regard attentif ou une écoute silencieuse
peut être un véritable baume pour l’âme de l’autre —
et peut-être aussi pour la mienne.

Et si, aujourd’hui, j’étais ce lieu discret où l’autre se sent vu, entendu, reconnu ?

samedi 5 avril 2025

Le pin et le bouleau — une histoire de passage


Il était une fois, dans une forêt où le vent savait parler, un vieux pin blanc et un jeune bouleau qui vivaient côte à côte depuis de nombreuses saisons.

Le pin, grand et calme, portait dans ses cernes les mémoires de ceux et celles qui étaient venus chercher repos sous ses branches. Il avait vu les générations passer, les enfants devenir aînés, les souffrances devenir prières. Il se tenait droit, enraciné profondément dans la Terre, gardien silencieux du temps.

Le bouleau, lui, frémissait à chaque souffle du matin. Sa peau blanche se fendillait par endroits, comme pour mieux laisser entrer la lumière. Il n’avait pas la sagesse du pin, mais il possédait une curiosité lumineuse et une sensibilité vive aux blessures invisibles. Il écoutait les pleurs de ceux qui passaient sans qu’ils n’osent parler. Il savait reconnaître les cœurs en mue.

Un jour, une vieille femme s’arrêta entre eux. Elle marchait lentement, avec dans les yeux un monde entier de départs et de renaissances. Elle posa ses mains sur le pin, puis sur le bouleau.

Elle dit :

« Tu es le souvenir, pin. Et toi, bouleau, tu es le passage. Ensemble, vous êtes le chemin que j’emprunte pour apprendre à vieillir. Pas à me diminuer, mais à devenir plus légère. Pas à disparaître, mais à me transformer en présence. »

Le pin hocha ses branches avec gravité. Le bouleau laissa tomber une feuille comme une offrande.

Ce soir-là, le vent souffla un peu plus fort, comme pour raconter l’histoire aux étoiles. Et dans la clairière, là où la femme s’était arrêtée, poussa un cercle de mousse douce, lieu de repos pour ceux qui cherchent à se souvenir, et pour ceux qui osent se transformer.

 

 Et depuis ce jour…

Le pin enseigne à se tenir debout dans la durée.

Le bouleau enseigne à se laisser traverser.

Et ceux qui marchent entre les deux…

trouvent un Centre.

Non pas un lieu fixe, mais un lieu vivant.

Un lieu de passage et de présence,

où l’on apprend, un geste à la fois,

à vieillir en communauté,

et à accompagner avec cœur.


Un Centre en devenir à l'Université Saint-Paul : Centre de recherche et d’accompagnement communautaire sur le vieillissement et la longévité

vendredi 4 avril 2025

La confiance comme terre d’émergence


Certains désirs vibrent en nous comme des étoiles discrètes.

Des élans profonds, parfois anciens, parfois encore à peine nommés.
Et pourtant, ces désirs, lorsqu’ils sont vrais, ont besoin de plus qu’un plan ou qu’un effort.
Ils ont besoin d’une terre intérieure où germer.

Cette terre, c’est la confiance.

Pas une confiance naïve qui promet que tout ira bien.
Mais une confiance plus vaste, plus tranquille, celle qui permet de dire :

Je peux avancer, même sans tout comprendre.
Je peux créer, même si le doute est là.
Je peux me montrer, même si je ne suis pas parfaite.

La confiance ne garantit pas le résultat,
mais elle ouvre l’espace du possible,
elle apaise l’attente,
elle donne l’élan pour commencer.

Sans confiance, nos désirs se figent, étouffés par la peur ou l’exigence.
Avec confiance, même le plus petit geste devient un acte d’alignement.

Invitation du jour

Qu’est-ce que je désire vraiment ?
Et suis-je prêt·e à lui faire confiance,
comme on fait confiance à une graine pour germer en son temps ?

jeudi 3 avril 2025

Réflexion matinale – Le pardon, un passage de l’esprit au cœur

 


Il existe des pardons que l’on accorde avec la tête, par principe, par devoir moral ou dans l’espoir de tourner la page.
Ces pardons, bien qu’intentionnés, demeurent souvent en surface. Ils soulagent momentanément, mais ne touchent pas encore les profondeurs de l’être.

Et puis, il y a un autre pardon. Celui qui descend lentement, comme une pluie fine sur une terre durcie par la douleur.
Ce pardon-là ne se décide pas. Il se révèle, il advient. Il nous transforme doucement, parfois à notre insu. Il nous travaille en silence.

Le pardon cognitif est une porte que l’on choisit d’ouvrir.
Le pardon intégré est un chemin intérieur, que l’on parcourt pas à pas… parfois en résistant, parfois à genoux, souvent avec tendresse et courage.

Ce pardon-là n’est pas un effacement. Il ne nie pas la blessure.
Il l’honore, sans s’y attacher. Il libère, non pour excuser, mais pour se délier du lien douloureux avec le passé.

 Invitation du matin

Ce matin, je m’offre un espace de silence pour me demander, avec douceur :

Y a-t-il en moi un pardon qui attend encore d’être pleinement senti, vécu, incarné ?
Non pas pour bien paraître…
Mais pour vivre plus vrai.

mercredi 2 avril 2025

Le pardon à l'émission Imparfaite de Julie Bélanger

Merci du fond du cœur à toutes celles et ceux qui ont regardé l’émission Imparfaite diffusée hier soir sur TVA, consacrée au thème du Pardon.


J’ai eu le privilège d’y participer aux côtés de Julie Bélanger, dans le cadre d’un Cercle de Pardon que j’ai coanimé avec mes collègues. Julie y a pris part avec authenticité et sensibilité, dans un esprit d’ouverture et de présence. Ce fut un moment profondément humain, où chacun a pu ressentir que le pardon n’est ni un oubli, ni une justification, mais un chemin vers la liberté intérieure.


Les Cercles de Pardon, proposés par l’Association Pardon International, offrent un espace confidentiel et bienveillant pour déposer ce qui pèse, pacifier les blessures du cœur, et renouer avec la paix en soi.
Ils ne demandent ni confrontation, ni récit détaillé : seulement une intention sincère d’ouvrir un espace intérieur de guérison.


En tant que formateur d’animatrices et d’animateurs de Cercles de Pardon, et membre de la Commission Éducation de l’Association Pardon International, je suis profondément heureux de contribuer à faire rayonner cette démarche douce, accessible et profondément transformatrice.


Si l’émission vous a touché·e, ou si cette approche vous appelle, je vous invite à venir vivre l’expérience d’un Cercle.

Parfois, un simple geste symbolique ou un moment de silence partagé peut éveiller en nous un nouvel espace de liberté.


 

mardi 1 avril 2025

La réponse est dans ce que je suis

Je n’ai pas à chercher plus loin.

Ni dans les promesses de demain,
ni dans les regards extérieurs,
ni dans les résultats que j’espère.

La réponse est déjà là.
Non pas comme une idée à comprendre,
mais comme une présence à retrouver.

Chaque fois que je me perds dans l’attente,
je m’éloigne du seul endroit où je suis entier.

Il n’y a rien à attendre.
Rien à forcer.
Rien à gagner.

Il y a seulement à me souvenir de moi-même,
dans cet espace vivant où je n’ai plus besoin de devenir.

Ce que je croyais chercher
m’habite déjà.

Et ce que j’appelle silence
me parle.

lundi 31 mars 2025

Les nuances du lien

Avec les années, j’ai appris que le lien humain n’est pas une évidence.

Il est fait de nuances subtiles, de seuils à franchir, de présences à apprivoiser.

Il y a d’abord la rencontre, cette première vibration où l’on croise un regard, une voix, un silence,
et où l’autre apparaît, non comme un rôle ou une fonction,
mais comme une présence vivante, une énigme à accueillir.

Puis vient le rapport, souvent utile, structurant,
mais parfois limité s’il reste à la surface,
s’il ne laisse pas place à l’écoute du cœur.

La relation, elle, va plus loin.
Elle demande de se risquer à être touché, à ne plus simplement interagir,
mais à se rendre disponible à ce qui est vrai en soi et chez l’autre.
C’est dans cet espace que naît la parole qui guérit,
et l’écoute qui ne cherche pas à réparer, mais à comprendre.

Et parfois, dans un groupe, dans une marche partagée, dans un regard silencieux,
un moment de reliance émerge.
Sans mot, sans stratégie.
Un fil invisible relie les êtres présents,
comme si chacun reconnaissait, de manière intime et discrète,
qu’il appartient à quelque chose de plus vaste.

Et si nous écoutons encore plus finement,
il peut y avoir résonance,
cette sensation rare et précieuse où quelque chose vibre au même rythme entre nous.
Une émotion partagée, un souffle commun, un écho du vivant.
La résonance nous touche sans nous envahir.
Elle relie sans dissoudre.
Elle nous rappelle que nous sommes, ensemble, plus que ce que chacun est seul.

C’est dans ces instants que je retrouve la beauté du lien humain.
Ce sont ces nuances, rencontre, rapport, relation, reliance et résonance
qui donnent sens à mon engagement auprès de vous.

Merci d’être là, avec ce que vous êtes.
Merci de faire partie de ce tissage invisible,
où chaque lien compte, chaque parole éclaire, chaque silence soutient,
et chaque résonance nous rapproche de l’essentiel.

dimanche 30 mars 2025

Quand l’écoute donne des ailes : la rencontre comme envol créatif

 



Quand l’autre me donne des ailes,
ce n’est pas pour m’arracher à moi-même,
mais pour m’élever vers ce que je peux devenir avec.
Et parfois, dans ce vol à deux,
naît un projet.
Un projet qui est moins un plan qu’un geste d’amour pour le monde.

vendredi 28 mars 2025

Présences qui éclairent

Aujourd’hui, je m’arrête un instant pour rendre hommage à ces proches aidants, lumières discrètes du quotidien. Par leur présence aimante, leur patience silencieuse et leur cœur offert sans compter, ils tissent des liens d’humanité qui apaisent, réconfortent et élèvent. Leur dévouement est un souffle d’espérance dans la vie de celles et ceux qu’ils accompagnent.

jeudi 27 mars 2025

Vivre avec les questions

 

Vivre avec les questions, c’est accepter d’être en mouvement,
d’être en écoute,
d’être en devenir.
C’est reconnaître que le savoir le plus profond n’est pas celui qui clôt,
mais celui qui relie
.

Ce matin encore, je choisis de ne pas me presser vers une réponse.
Je choisis de marcher avec mes questions comme on marche avec un vieil ami :
en silence, parfois,
mais toujours avec confiance.

mercredi 26 mars 2025

La rivière qui divise, la rivière qui unit

 


Certaines rivières tracent des frontières.

Elles dessinent une ligne entre deux rives, deux langues, deux systèmes, deux cultures. Elles deviennent séparation, symbole d’une distance, parfois d’une incompréhension. On y projette nos tensions : politiques, historiques, identitaires. La rivière reflète alors ce que nous n’osons pas traverser — les différences, les blessures, les silences.

Mais d’autres rivières relient.
Elles deviennent passage, lien vivant, mémoire fluide entre les peuples. Elles recueillent les récits de celles et ceux qui ont franchi, accueilli, attendu. Elles nourrissent les deux rives, sans hiérarchie ni exclusion. Dans leur courant, elles portent la possibilité d’un espace commun, d’une reconnaissance partagée.

Dans notre région, la rivière des Outaouais incarne cette tension féconde.
Elle sépare Gatineau et Ottawa. Deux provinces. Deux langues officielles. Deux systèmes de santé. Deux modèles d’accompagnement du vieillissement. Pourtant, elle est aussi ce trait d’union, cette ligne de vie entre deux rives que tout pourrait opposer, mais que tout peut aussi réunir.

C’est dans cet esprit que, avec des collègues engagé·e·s, j’ai choisi d’assumer un rôle de leadership dans la relance du Centre sur le vieillissement et la communauté à l'Université Saint-Paul. Nous voulons faire de cette rivière non pas un obstacle, mais une invitation. Une métaphore du passage entre les disciplines, entre les milieux, entre les générations. Une image vivante de ce que nous cherchons à incarner : un Centre enraciné dans les réalités de nos territoires, mais ouvert aux résonances multiples du vieillissement humain.

Le Centre se veut un lieu de circulation : entre savoirs et expériences, entre spiritualité et action, entre mémoire et avenir. Comme la rivière, il irrigue les rives du Québec et de l’Ontario, tissant des ponts là où d’autres voient des ruptures.

Car au fond, ce n’est pas la rivière qui sépare ou unit : c’est le sens que nous lui donnons.
Et nous avons choisi un regard de reliance.


Photo: Tom Poirier, Gatineau, secteur Aylmer, QC

mardi 25 mars 2025

Écouter, apprendre et lâcher prise : l’art de la présence vivante

 

Chaque fois que j’écoute vraiment, j’entre dans un espace que je ne contrôle pas.

Je suspends mon besoin de savoir, mon envie de répondre, mes peurs de ne pas comprendre.
Écouter, c’est consentir à être transformé par ce que l’autre me confie — dans ses mots, ses silences, ses tremblements.

Et dans cette écoute, j’apprends.
Pas seulement sur l’autre, mais sur moi-même : sur mes limites, mes automatismes, mes angles morts.
J’apprends à désapprendre, à relâcher mes filtres, à accueillir ce qui est là sans chercher à le redresser.

Puis vient le moment de laisser aller.
Laisser aller ce que je ne peux porter pour l’autre.
Laisser aller les attentes que je posais sur moi-même.
Laisser aller le besoin de retenir ou de réparer.

Écouter, apprendre et lâcher prise : ce n’est pas une méthode, c’est un mouvement intérieur, un art de la présence.
C’est ainsi que je choisis d’habiter mes relations, mes engagements, ma spiritualité.
Non pas en cherchant à tout maîtriser, mais en laissant la vie circuler à travers moi — avec confiance, avec ouverture, avec humilité.

lundi 24 mars 2025

Prendre soin de moi pour mieux habiter le monde



Je reconnais que prendre soin de moi, ce n’est pas m’éloigner des autres, c’est me préparer à mieux les rencontrer.

Ce n’est pas une fuite, ni une faiblesse, mais un geste d’attention profonde envers ce que je porte en moi.
Je ne prends pas soin de moi pour me refermer, mais pour rester habitable, respirant, vivant.

En me tournant vers ce qui est fragile en moi, je m’offre une forme de présence douce.
Je refuse d’attendre que le monde prenne soin de mes besoins non exprimés.
Je choisis de le faire moi-même, avec lucidité et compassion.

Je le fais non pas pour me mettre au centre, mais pour éviter de faire peser sur l’autre mes tempêtes mal digérées.
Ma responsabilité commence là : dans la manière dont je me traite, et dont ce traitement se répercute autour de moi.

Ce matin, je ne cherche pas à « aller mieux », 
je cherche à être vrai, à être aligné, à être disponible.
Et dans ce simple geste d’accueil de moi-même,
je sens déjà que quelque chose en moi se redresse, doucement.