Dans l’accompagnement, il est tentant de se concentrer sur ce qui apparaît immédiatement : une souffrance exprimée, un comportement adopté, une difficulté rencontrée. L’aidant, dans son désir de bien faire, peut être porté à nommer trop vite, à interpréter à partir d’un détail, oubliant que toute personne s’inscrit dans une histoire plus vaste, un tissu de relations, d’expériences et de trajectoires invisibles au premier regard.
Un proche aidant, par exemple, voit souvent la fatigue, l’impatience ou la résistance de la personne qu’il accompagne. Il peut ressentir du découragement face à des réactions qui semblent incompréhensibles ou disproportionnées. Mais s’il prend du recul, il découvrira que ces manifestations ne sont que la pointe émergée d’une réalité plus large : le deuil d’une autonomie perdue, la peur du déclin, ou encore le poids d’une existence marquée par des épreuves silencieuses.
Accompagner, c’est donc accepter de ne pas figer l’autre dans un instant ou un comportement. C’est faire preuve d’humilité et de patience pour percevoir la personne dans son entièreté, avec ses forces, ses contradictions et ses élans de vie. Plutôt que de chercher à nommer immédiatement ce que nous voyons, il s’agit d’entrer en relation, d’écouter sans précipitation, de laisser émerger le récit global qui seul permet d’accueillir l’autre dans sa dignité.
Dans cette posture, l’accompagnant devient un témoin attentif plutôt qu’un juge, un marcheur qui, plutôt que d’observer un fragment de sentier, accepte d’explorer le paysage intérieur dans sa complexité.
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