Cette question me travaille profondément. Chaque jour, dans mon enseignement, mon accompagnement et mes interactions, elle revient comme une boussole intérieure. Est-ce que je reconnais pleinement l’autre dans sa singularité, ou est-ce que je le réduis à une fonction, à une utilité, à un échange transactionnel ?
Dans un monde où tout s’accélère, où les relations sont souvent filtrées par des écrans, où le savoir lui-même est devenu un produit, il est facile de ne voir en l’autre qu’un moyen d’atteindre un objectif, un acteur dans un processus, une présence qui sert un besoin. Pourtant, chaque personne est bien plus que le rôle qu’elle joue à un instant donné.
Rencontrer l’autre, c’est ralentir. C’est résister à la tentation de l’efficacité immédiate pour s’ouvrir à une présence vivante, imprévisible, parfois dérangeante, mais toujours porteuse de sens. C’est écouter sans précipiter la réponse. C’est accepter l’autre dans sa complexité, sans chercher à le figer dans une seule idée, un seul échange, une seule fonction.
Quand je suis devant un étudiant, est-ce que je le vois comme une personne en quête de sens, ou comme un apprenant à qui je dois transmettre un contenu ? Quand j’interviens dans une communauté, est-ce que je viens avec des réponses toutes faites, ou est-ce que je m’ouvre à ce qui émerge, à ce qui me surprend et me transforme aussi ?
Je veux choisir la rencontre plutôt que la consommation. Cela demande une vigilance intérieure, une attention soutenue, une posture d’accueil. Car c’est dans la rencontre authentique que naît la résonance, que quelque chose de vivant et de profondément humain peut émerger, bien au-delà de ce que j’avais imaginé.
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