mercredi 4 décembre 2024

Sous une tente d’écoute ouverte, bercée par la brise du désert du Nouveau-Mexique

Un dialogue imaginaire entre Richard Rohr et Marquis Bureau


Richard Rohr, prêtre franciscain et fondateur du Center for Action and Contemplation au Nouveau-Mexique, est connu pour ses enseignements sur la spiritualité de la transformation, l’espace liminal et le cheminement intérieur. 

 

Marquis Bureau, professeur et accompagnateur en Outaouais, explore les pratiques d’écoute attentive et les approches écosystémiques intégratives pour favoriser la résonance humaine et l’accompagnement communautaire.

 

Ce dialogue imaginaire s’inspire d’une rencontre au Centre d’Action et de Contemplation, où Marquis, dans une quête d’approfondissement de son projet de cours sur la tente d’écoute, échange avec Richard sur la puissance des espaces liminaux et des pratiques d’écoute sacrée.

 

Richard Rohr : Marquis, je suis toujours frappé par ce que les visiteurs retirent de leur passage ici, au Centre. L’espace que nous créons n’est pas destiné à répondre aux questions, mais à permettre aux gens de rester avec elles. Après quelques jours ici, qu’est-ce qui résonne le plus pour toi ?

 

Marquis Bureau : Ce que je retiens surtout, Richard, c’est la puissance de l’espace liminal, ce lieu entre-deux où l’on peut enfin s’autoriser à être vulnérable. Cela me rappelle pourquoi je veux créer la tente d’écoute : offrir un espace où les gens peuvent déposer leurs bardeaux, explorer leurs doutes et entendre ce qu’ils n’écoutent pas d’eux-mêmes dans le tumulte de leur quotidien.

 

Richard Rohr : C’est une vision belle et nécessaire. L’espace liminal n’est pas un endroit confortable. C’est un seuil où l’ancien ne fonctionne plus, mais où le nouveau n’est pas encore clair. Pourtant, c’est là que la vraie transformation se produit. Que vois-tu comme défi pour maintenir un tel espace dans ton projet ?

 

Marquis Bureau : Le défi, je crois, réside dans notre tendance à vouloir remplir cet espace, à apporter des réponses rapides pour apaiser l’inconfort. Je sens qu’en tant qu’accompagnateur, je dois résister à cette tentation. Je veux être un gardien de cet espace, pour permettre aux autres d’entrer dans leur propre processus, même si cela implique d’embrasser l’incertitude.

 

Richard Rohr : Et c’est là tout le travail spirituel. Laisser l’espace faire son œuvre, sans forcer. La tente que tu décris est une métaphore puissante : elle est temporaire, légère, mais suffisamment solide pour protéger ceux qui entrent. Elle invite à une écoute profonde, une présence incarnée.

 

Marquis Bureau : Oui, c’est exactement cela. Et je réalise aussi que cet espace liminal n’est pas uniquement pour ceux que j’accompagne, mais pour moi aussi. Chaque rencontre devient une occasion d’écouter plus profondément, de me transformer tout en offrant cet accueil aux autres.

 

Richard Rohr : C’est l’échange sacré qui se produit dans tous les espaces de véritable transformation. N’oublie jamais, Marquis : quand tu crées cet espace pour les autres, tu participes toi-même à l’œuvre du mystère. Ce n’est pas seulement un projet pédagogique, c’est une pratique de vie.

 

Marquis Bureau : Merci, Richard. Cette conversation me rappelle pourquoi je fais cela. La tente d’écoute n’est pas seulement un outil, c’est une invitation à vivre le seuil comme un lieu sacré, un passage vers plus de vérité, de résonance et d’humanité.

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