mardi 13 mai 2025

Là où les vents dessinent des triangles

 

Ce qui cherche à naître à travers moi, ce n’est peut-être pas un projet à inventer, ni une structure à bâtir, mais un approfondissement du sens de ce que je fais déjà, porté par une conscience plus vaste, plus reliée, plus initiée.


En Islande, j’ai senti revenir en moi des symboles fondateurs, semés il y a 17 ans lors de ma première visite au Edgar Cayce Centre.
Je m’étais offert deux choses :

  • un mot : imagine, comme une clef intérieure pour traverser le visible et nourrir l’invisible ;
  • et un papillon, archétype vivant de la métamorphose, messager discret entre l’ombre et la lumière.

Ces deux signes me reviennent aujourd’hui, non plus comme des souvenirs, mais comme des repères spirituels.
Ils me rappellent que la transformation véritable ne s’impose pas : elle se traverse.


Et justement, en Islande, je n’ai pas seulement été témoin, j’ai été participant actif : j’ai coanimé, avec Olivier Clerc, Eileen et Mark, un Cercle de Pardon devant 150 participant.es.
Dans ce champ de présence collective, j’ai senti que ma mission ne résidait pas dans l’enseignement ou l’animation, mais dans la tenue d’un espace vivant.
Un espace où chacun pouvait se réconcilier avec ses blessures, ses ancêtres, et ses propres gestes non posés.


Ce jour-là, un triangle a pris forme en moi.
Le même triangle que portent les anciens symboles vikings : le Valknut, composé de trois triangles entrelacés, souvent associé à Odin, aux rites de passage, et aux mondes invisibles.
Ce triangle n’est pas une figure figée, mais un portail entre les mondes :

  • le monde que l’on quitte,
  • le monde que l’on habite,
  • le monde que l’on espère.


Je l’ai reconnu parce que je l’avais déjà vu non pas en Islande, mais dans le désert du Nouveau-Mexique.
Dans la terre rouge, dans les roches, dans les silences de l’ermitage, ce triangle m’avait déjà chuchoté : « Ce n’est pas là-bas que tu trouveras, c’est dans le passage. »


Les déserts d’Islande vastes, silencieux, lunaires m’ont parlé comme ceux du Nouveau-Mexique :
ce sont des paysages qui dénudent, qui n’offrent aucun refuge sauf celui du ciel.
Des lieux où le vent efface les illusions,
où le sacré n’est pas à chercher dans les temples, mais dans les pierres, les os, et le souffle.

Dans ces déserts, je suis devenu transparent à moi-même.
Et ce que j’y ai trouvé n’est ni une nouvelle mission ni un appel spectaculaire.
Mais un simple mot, revenu du fond de moi :
“Sers.”

Sers la Vie. Sers le lien. Sers l’invisible qui se révèle dans les gestes simples.

Je deviens, peu à peu, un serviteur du lien vivant.
Non pour être vu,
mais pour devenir un triangle entre les mondes :
entre les vivants et les ancêtres,
entre le silence et la parole,
entre ce que nous sommes et ce que nous devenons.

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