Hier, en marchant en silence dans un petit sentier boisé, mon regard a été happé par quelque chose de discret mais saisissant : les premiers bourgeons éclatés. Pas encore des feuilles, pas encore de l’ombre. Juste ces petites mains ouvertes, fragiles et vibrantes, tendues vers la lumière.
Je me suis arrêté. En moi, deux mouvements se sont mis à dialoguer.
D’un côté, regarder avec distance. Je voyais le processus biologique, le cycle saisonnier, la photosynthèse en marche. Une compréhension lucide du vivant. Un regard qui me permettait de situer, d’interpréter, de nommer. C’est ce regard qui m’apprend à lire la complexité des choses, à relier l’événement visible à un ensemble plus vaste.
Mais de l’autre côté, regarder de l’intérieur. Quelque chose en moi vibrait, sans mot. Ce bourgeon, c’était moi. Une part de moi, peut-être lasse, peut-être en attente, venait d’être touchée. L’éclat de ce minuscule jaillissement dans l’arbre me rappelait une vérité plus ancienne : la vie revient, doucement, sans fracas, sans se faire prier. Elle revient quand on ne l’attend plus, et elle ne demande pas la permission.
Dans cet instant suspendu, j’ai senti que l’accompagnement, au fond, ressemble à cela. Observer un être ou un groupe au moment où quelque chose s’ouvre. Être là, ni pour expliquer, ni pour forcer. Juste pour être témoin de cette force du vivant qui éclôt, encore et encore, quand les conditions sont réunies.
Le bourgeon ne sait pas qu’il est observé. Il n’a pas besoin d’encouragement pour fleurir. Mais il m’a appris quelque chose. Et j’ai continué ma marche avec une présence un peu plus ample.
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