L’autre me rappelle que je ne suis pas tout.
Il m’oblige à sortir de ma bulle de certitudes, à voir plus large que mes propres frontières intérieures.
La marge me montre l’espace où il est relégué.
C’est là, dans les périphéries de nos sociétés, que se cachent les visages souvent ignorés, les voix qu’on entend à peine.
La minorité me révèle que la vie collective n’est jamais complète sans ses voix oubliées.
Une démocratie qui n’écoute que le cœur bruyant de sa majorité reste inachevée : elle se prive de la nuance, de l’inattendu, du souffle créatif qui vient de ses bords.
Et si la vraie force d’une société n’était pas dans le poids de sa majorité, mais dans l’attention qu’elle porte à ses marges ?
Car une société ne se juge pas seulement à sa prospérité ou à sa stabilité, mais à sa capacité d’accueillir ses fragilités et d’inclure ses différences.
C’est souvent là, au bord du chemin, que germe la vitalité qui nous sauve.
Dans le silence de celles et ceux qu’on n’entend pas assez, une semence de nouveauté pousse, discrète mais tenace.
Ce sont ces marges qui, patiemment, rappellent au centre ce qu’il avait oublié : qu’une société n’est jamais un bloc figé, mais un jardin en devenir.
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