Hier, à la fin du cours sur l’écoute, quelque chose de profond s’est ouvert. Les témoignages des étudiant.es n’étaient pas de simples rétroactions. C’étaient des confidences humaines, des fragments de vécu qui révélaient une soif relationnelle bien plus vaste que ce que les cours universitaires permettent habituellement. J’ai été profondément ému, touché à cet endroit où l’on reconnaît que la relation n’est pas un supplément à l’enseignement, mais son véritable cœur.
En les écoutant, j’ai pris conscience que plusieurs étudiant.es n’ont presque jamais développé de relation humaine avec leurs enseignant.es. Ils et elles connaissent les rôles, les responsabilités, les expertises. Mais ils et elles rencontrent rarement la présence, la posture, la disponibilité intérieure qui permettent à l’enseignement de devenir une expérience vivante. Pour plusieurs, c’était la première fois qu’un cours devenait un espace où l’humanité circule librement, où un professeur se présente dans une posture d’écoute authentique, où la relation prend toute sa place.
Cela m’a rappelé à quel point notre système éducatif, avec ses logiques de performance, de contenu et d’évaluation, laisse souvent peu d’espace à la rencontre. Les étudiant.es ont soif d’une pédagogie qui reconnaît leurs expériences, leur sensibilité, leurs histoires. Ils et elles ont besoin de sentir qu’ils et elles ne sont pas seulement des destinataires de savoirs, mais des sujets en cheminement, des êtres en relation, des participant.es à un espace vivant qui les accueille.
Quand un.e étudiant.e témoigne qu’il ou elle s’est senti.e vu.e, entendu.e ou reconnu.e pour la première fois dans un contexte universitaire, ce n’est pas un simple compliment. C’est un signal. Un rappel qu’il manque encore, dans nos institutions, des espaces où la relation peut s’ouvrir sans crainte ni performance. Et c’est aussi une invitation : continuer à créer des environnements d’apprentissage où la posture compte autant que le contenu, où la présence précède la technique, où l’écoute devient un geste de reconnaissance.
Ce moment m’a confirmé que l’enseignement, lorsqu’il est habité par une écoute réelle, devient parfois un lieu de guérison des fractures subtiles que plusieurs étudiant.es portent en elles et en eux. Fractures héritées de parcours scolaires où la personne a été évaluée, encadrée, dirigée, mais rarement rencontrée. Hier, j’ai mieux compris que ce que les étudiant.es retiennent le plus de mes cours n’est pas la théorie, mais la qualité du lien, l’espace où ils et elles ont pu respirer, se dire, se découvrir autrement.
L’écoute n’est pas seulement un contenu à enseigner. C’est une manière d’habiter sa présence d’enseignant. Une manière de reconnaître l’autre dans sa dignité. Une manière d’affirmer que l’éducation prend racine là où l’humain rencontre l’humain.

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